J'ai eu hier une journaliste au téléphone qui me demandait quel accès j'avais aux projections, eh bien, aucun pour aujourd'hui, j'ai passé mon samedi sous la pluie battante, parquée entre deux barrières sans aucun toit sur la tête à attendre près du Palais des festivals dans la file dite "de dernière minute". Qui a droit d'attendre dans cette file une improbable entrée à une projection officielle? Les détenteurs de badge festival, presse ou marché du film, et pour les séances de 17h et 22h, également les badge cinéphile. Qui va voir les projections au grand théâtre Lumière? Les détenteurs d'invitations qui sont de deux sortes, celles qui se suffisent à elles-mêmes et celles qui nécessitent aussi de posséder un badge pour les utiliser... Conclusion, ce samedi, on n'a jamais ouvert la cage aux fauves, aux projections de 8h30, 11h, 16h et 22h, sur les 2300 places du grand théâtre Lumière, l'administration a estimé qu'il n'y en avait aucune de libre, aucune annulation ou désistement, ce qui paraît statistiquement improbable.
Une précision qui a son importance car ça suppose une logistique adéquate : pour les séances du soir (19h, 22h, voire minuit et plus), la tenue trèèès habillée est obligatoire, c'est donc en robe du soir et talons hauts ou équivalent pour les femmes (Catherine Deneuve a bien osé pantalon du soir et saharienne en soir mauve pour la montée des marches d'"Un Conte de Noël vendredi, éternelle "Belle de jour"...), noeud pap et tutti quanti tendance smoking, costume sombre pour les hommes, que les festivaliers attendent leur tour pendant des heures en plein air, quelque soit la météo.
"24 City" de Jia Zhangke (photo Adf Vitam) / Chine,, Lion d'or à Venise avec "Still life"
Une cité ouvrière modèle laisse la place à un complexe d'appartement de luxe...
Munie donc de ce Pass festival inutile pour un WE, j'ai tenté les deux films en compétition du jour : "24 City" de Jia Zhangke à 16h et "Linha de Passe" de Walter Salles à 22h, et j'ai terminé dans un café dans les deux cas, bredouille. Pour le film brésilien, ils ont fait fort, alors qu'on avait vu passer l'équipe du film un bon quart d'heure auparavant, ce qui veut dire projection imminente, on nous a laissé sous la pluie dans cette file d'attente, seuls, le Palais en train de fermer les portes, les rangées de flics rentrés chez eux, au bout d'un moment, un type de la sécurité à qui on avait enfin donné un ordre nous a dit de partir, on n'ouvrirait pas la barrière... Pendant cette attente pour rien, des conflits entre porteurs de parapluie ont pris corps, des disputes, les pieds et les cheveux trempés, les gens sont devenus irritables, un couple s'est mis en tête de pointer les gens mal élevés qui passaient devant eux, brassant des généralités sur les mauvaises manières d'aujourd'hui. Soudain, un invité retardataire a jeté deux invit à un jeune couple dans la masse qui sont sortis du lot, ayant gagné leur sésame, les autres les ont regardé avec envie, pourquoi eux et pas nous? Pour préciser les choses, il me reste une petite possiblité de voir la reprise du film le lendemain dans la salle du 60° anniversaire mais comme elle n'a que 400 places environ, il y a peu de chance que je passe, là aussi...
Je me suis affalée à une terrasse, ils avaient du coca mais plus de verre, pas de cendrier non plus (il n'y a guère qu'à la boutique du festival, 27 à 35 Euros le t.shirt, 10 Euros le tapis de souris, 1,50 Euros la carte postale, etc... qu'on vend encore ces vestiges d'une autre époque que sont les briquets) heureusement, mes deux voisines de table venaient de la même galère, on a parlé cinéma, seul bon moment de la soirée, et retour dans la file d'attente pour le film de minuit et quart décalé à 1 heure du matin. Minuit sous l'averse qui redémarre, une foule se presse avec les invit argentées dans les mains, je repars faire le grand tour des barrières pour prendre le quart de la file de dernière minute, j'échange quelques mots découragés avec un vigile, il a l'air désolé... Cinq minutes plus tard, il vient me donner une invit que quelqu'un lui a rendue, un ange dans le Palais, je vais donc rejoindre le troupeau des porteurs d'invitations, on attend encore sous la pluie mais avec la certitude de voir le film. "Chaser", un polar coréen, premier film hors compétition de Na Hong-ji...
"The Chaser" de Na Hong-jin / Corée du sud / Hors compétition (sortie décembre 2008)
Un ancien flic devenue proxénète va rempiler dans la police pour traquer un serial killer qui tue ses prostituées... Se rendant compte que les filles qui travaillent pour lui et disparaissent ont toutes rencontré le même client dont il ne connaît que le téléphone, ce flic passé de l'autre côté, rongé par la culpabilité, va remuer ses anciens collègues et leur prêter main forte pour retrouver le monstre qui torture les prostituées avec du matériel de boucherie.
Oscillant entre l'horreur et la loufoquerie, entre réalisme sanglant et dérision, le film est un thriller qui a de l'humour et de l'audace, quelques moments claustrophobiques dans la maison du serial killer démontrent le talent du réalisateur pour le film d'angoisse tandis que les malheurs de la police traumatisée parce qu'un électeur mécontent d'avoir ses toilettes bouchées a renversé des excréments sur le costume du maire de Séoul sont assez comiques, mais le film, trop riche, trop long, joue les prolongations et s'enlise...
Leonardo di Caprio vient de signer pour le remake du film, après "Les Infiltrés" de Scorsese, remake de "Internal affairs", autre polar asiatique...
Au coeur de Sao Paolo, quatre frères essaient de se réinventer...
La seconde question était : est-ce que je vois des acteurs à Cannes? Jamais de la vie! Les stars (ou faisant fonction de) sont parquées dans les palaces dans leur suite, totalement inacessibles, pour la présentation de leur film, on les fait descendre dans le hall de l'hôtel au dernier moment, elles s'engouffrent dans une limousine pour faire 500 mètres et en sortent deux minutes plus tard, là, elles posent sur le tapis rouge pour les photographes de presse accrédités massés derrière des barrières près de l"entrée, et entrent dans la salle, fin de l'épisode, elles repartiront en voiture officielle itou. Hier, on s'extasiait que Harrison Ford (qui présentera demain le très attendu "Indiana Jones 4") ait pris le risque de traverser la Croisette à pied (une bonne trentaine de mètres de la plage à l'hôtel)! Autre sortie de la star : la soirée privée suivant le film ou autre, comme celle en l'honneur de Jeanne Moreau ce soir à l'hôtel Martinez qui ne cesse, malgré elle, qu'on fête ses 60 ans de carrière depuis janvier 2008. On a mille fois plus de chances de rencontrer des acteurs en allant à une avant-première de promo comme il y en a toute l'année dans toute la France, voire en se baladant dans certains quartiers de Paris, qu'en se rendant à Cannes... Si on loge au Majestic ou au Carlton, voire au Martinez, on peut croiser un acteur à condition de se trouver sur son passage quand il sort ou entre dans l'hôtel, car les stars ne vont pas au bar ou très rarement et là, le plus souvent, on ferme un carré VIP ou on privatise le bar entier avec un cordon de sécurité et les clients "normaux" de l'hôtel n'y ont plus accès...
Demain est un autre jour... du WE, dimanche, espérons qu'il ne sera pas gloomy sunday...
Cependant que je me plains... Un blogueur voit des stars, écumant les soirées people et les premières glamour avec une énergie illimitée, il s'agit de notre confrère et ami Le BLOG REPORTER ... version Cannes...
Harrison Ford hier sur la plage très VIP du Nikki Beach, photo Hugo Meyer, Le BlogReporter
Mots-clés : Cannes 2008, The Chaser, Na Hong-jin
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Par vierasouto
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| 18/05/2008 05:51
| Cannes 2008 de J1 à J12
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