Sinon, le film est efficace, nerveux, tout ce qu'il faut. Il ne manque personne dans la galerie de personnages (les chiens fous, les repentis, les traîtres, les "pris de conscience", les initiés) et puis il me fait regarder d'un autre oeil les kakous en scooter de la Croisette, derrière lesquels se cachent peut-être des "exécuteurs de contrat".
J'ai l'air de le négliger, mais le film a quand même certains intérêts. Il y a d'abord cette scène qui prend une ironie toute particulière in situ. Celle où un chef d'atelier de couture clandestin s'aperçoit, à la télé, que la robe dont il a supervisé la confection a fini sur le corps de Scarlett Johansson lors de la montée des marches (mais malheureusement pas celle de Cannes, mais plutôt Rome ou Venise), ce qui offre un beau raccourci du "blanchiment" de l'argent sale (plus efficace que les cartons précautionneux de la fin). Prochaine étape: le film sur les producteurs liés au milieu et finançant des films présentés au festival qui reste donc à faire.
Sinon, il y a aussi les lieux du film, notamment cette ahurissante cité près de Naples, "ville de béton verticale" à l'animation toute médiévale, où se situe une bonne part de l'action. Rappel cruel que les architectes italiens ont été assez forts dans les barres bétonnées au kilomètre et les espaces vertigineux qu'ils généraient au-delà de toute mesure, pour une architecture domestique. Avec un point de vue cynique, on pourrait même voir dans ces architectures des préfigurations carcérales comme si le futur habitat de certains occupants de ces cités était déjà inscrit dans leur cadre de vie.(Photo ci dessous: le Corviale à Rome pour vous donner une idée).