Dimanche, ils étaient tous là, sur toutes les chaînes de télévision, à traîner leurs mines déconfites et à crier au séisme, au tremblement de terre, à déplorer la honte que c'était pour la France de voir le FN à la première place. Sur ce point, ils n'ont pas tort. Voir le parti de la fille de Jean-Marie Le Pen a un si haut niveau est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui comme moi croient encore aux valeurs de partage, de fraternité et d'humanisme. Le risque est grand désormais de voir les principaux partis politiques s'engager dans la course aux voix lepénistes et reprendre ainsi les thèmes et les idées du FN.
En ce sens, la soirée de dimanche fut déprimante et morose, mais à côté de ce que nous avons dû endurer toute la journée de lundi, ce fut un bain de jouvence. Dès le matin donc, ce fut règlement de comptes à OK Corral à l'UMP. Tous s'y sont mis, ce fut une boucherie insensée et je mets au défi quiconque se sent capable d'expliquerce qui se passe réellement. Toujours est-il qu'il en ressort qu'il y a eu de grosses magouilles financières pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy et que visiblement, il y a fort à penser que Sarkozy et Copé soient mouillés jusqu'au cou. Sans parler des autres, mais pour l'instant, nous n'en sommes qu'au début de l'affaire.
Toute la journée ce fut donc un défilé de dirigeants de l'UMP ayant tous des mots plus durs les uns que les autres qui envers Nicolas Sarkozy, qui vers Jean-François Copé, ou vers je ne sais qui encore tant la confusion fut totale. Ainsi, 24 heures à peine après une gifle électorale magistrale, ceux qui à l'instar de Mme Le Pen font leur succès sur le rejet des politiques et sur l'idée de plus en plus répandue qu'ils sont tous corrompus n'avaient qu'à allumer leur poste de télévision et voir leurs thèses mise en exemple toute la journée. Ils ont bien dû se marrer au siège du FN lundi après-midi.
Et ce n'était rien, parce que le meilleur pour eux était à venir aux alentours de 20 heures. François Hollande, le président de la République avait donc décidé de reprendre la parole après la claque reçue par son parti aux élections européennes. Cela n'a duré que 5 minutes, mais dieu qu'elles furent longues. 5 minutes pour nous expliquer qu'il avait entendu le message des Français mais que de toutes façons, il n'en avait rien à faire, qu'il continuerait quoi qu'il arrive de faire la politique contraire à celle pour laquelle il a été élu. Il nous a rappelé ce vieil adage si en France en 2014, "si la dictature c'est ferme ta gueule, la démocratie c'est cause toujours". Bref, ce lundi 26 mai 2014, François Hollande s'est une fois de plus assis sur le verdict des urnes. Il paraît qu'au siège du FN un immense éclat de rire a vu le jour à 20h05 et que celui-ci dure encore.
De droite ou de gauche, il reste encore des hommes et femmes politiques honnêtes et aux convictions sincères. Ils sont mêmes nombreux, de Marie-Noëlle Liennemann à François Bayrou en passant par Jean-Luc Mélenchon ou Rama Yade,ils sont des milliers ceux qui veulent encore combattre le FN et le rejet de l'autre en faisant réellement de la politique avec des idées, des valeurs et en y restant fidèles. Mais que peuvent-ils quand donc pratiquent le renoncement, l'affarisme, le populisme à outrance et quand ce sont ceux-là qui tiennent le haut du pavé.
Dimanche soir, comme les 75 % d'électeurs qui n'ont pas voté FN et comme probablement une part importante de ceux qui n'ont pas voté, j'ai pris une grosse claque. Mais lundi, c'est un coup de massue que nous avons pris, et celui-là, il va être dur de s'en remettre.