Ce rejet s’exprime à la fois à travers l’abstention, le vote extrême mais aussi l’indifférence vis-à-vis de ce vote extrême, d’abord considéré comme un vote anti-système.
Indifférence, en France et ailleurs, qui s’explique aussi par l’éloignement de l’Europe pour de nombreux citoyens européens. Cette Europe n’est pas aimée, parce qu’elle illustre pour beaucoup la caricature de ce qu’ils exècrent dans leurs pays, une bureaucratie, voire une « technocratie financière » qui jouerait contre les peuples sans rendre de compte à quiconque.
Ce résultat est-il grave ? Si on ne change rien, oui. assurément. Si au contraire, cette défaite nous réveille, alors ça peut être une occasion unique de redonner du souffle à notre démocratie, tant nationale qu’européenne.
Mais qui y croit encore ? Justement, plus personne ou presque. Les Français se sentent déçus ou trompés par la plupart des personnalités que l’on voit depuis 30 ans sur les plateaux télé.
Au-delà des débats sur les plans d’économie, sur la part de souveraineté et de fédéralisme européen, il y a un ras-le-bol vis-à-vis de « sachants » et de gouvernants, jugés totalement « déconnectés ».
Parfois à raison : oui, il y a une sorte de nouvelle aristocratie qui se sert au lieu de servir, qui n’a plus la moindre idée de ce qu’elle fait là ni du pourquoi, et qui s’en remet aux lobbies ou à une certaine élite administrative.
Parfois à tort : non, tous les haut-fonctionnaires et tous les élus ne sont pas des « pourris ».
Alors, que faut-il faire ?
Certes, il faut dénoncer le mensonge du FN qui a su redorer son image en se modernisant, en se rajeunissant et en mettant en avant de nouveaux visages, jeunes, face aux éléphants de droite et de gauche. Sauf que ces pseudos-modernes usent des plus vieilles recettes, celles qui, bien loin de la prospérité, n’ont mené qu’au conflit.
Et acceptons qu’on pose la question : n’y-a-t-il pas une certaine complaisance de certains politiques et parfois même de médias de premier plan vis-à-vis des idées rances qui ont fini par arriver partout ?
Désormais, il faut mettre en chantier tout ce qui mettra à bas l’image d’une élite politique, administrative et financière, qui serait perçue comme étant au-dessus des lois, au-dessus des Français et des Européens en général.
Les partis politiques, calqués sur un régime institutionnel qui fonctionne trop en vase-clos et qui concentre excessivement les pouvoirs politiques et économiques, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Mais ils ne se réformeront qu’à marche forcée, si nos institutions elles-mêmes se réforment.