Il n’a pas fait vieux os
ses os ont blanchi la nuit
il n’avait que sa folie
vous lui avez tiré dessus
il s’est mis à s’tasser
il s’est mis à s’manger
on n’avait jamais vu ça
un homme qui se mange
un homme debout qui s’insère
dans la fêlure de sa vie
hors du vivant, vivant
un homme que le monde enferme
il a compté, s’amenuisant
les coups de pied de son sang
s’est vu descendre
le nœud coulant glissait bien
adieu la visite
salut les caves
dispersez-vous
rentrez chez vous
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Gaston Miron (Sainte-Agathe-des-Monts, Québec 1928 – Montréal 1996) – L’homme rapaillé