Je suis passée la chercher en fin de matinée, pour des instants ensemble. Dans la rue, nous sommes sorties, marchant sans savoir vraiment où nous allions, le parapluie sous le bras, car les nuages étaient encore en train de jouer à cache-cache avec le soleil.
Pas de gouttes, mais des vitrines, des reflets de nos deux tenues, deux manteaux de mi-saison, des bottines pour moi, des chaussures plates, comme des ballerines pour elle. Main dans la main, nous avons pris le temps de regarder les petites affaires ici et là, des décorations pour la table, des rappels anciens mais totalement fabriqués à neuf dans un coin de Chine, des fausses plaques émaillées avec des publicités vintage, malheureusement truffées de fautes. Un sourire, un détail, une autre vitrine, des chocolats cette fois.
Nous avons, ensemble, poussé la porte pour voyager dans les parfums, les propositions de la gentille vendeuse, des chocolats noirs, des chocolats au lait, mais surtout des gingembres citron, des basilics ou d'autres herbes savoureuses. Des odeurs, des sourires et surtout en sortant ce bonheur de partager quelques morceaux en continuant de marcher.
Pour le déjeuner, un repas rapide, deux salades avec du saumon sur une terrasse, de l'eau, un coin de soleil, des passants, quelques mots sur la vie. C'était si bon d'être là, toutes les deux. Je la retrouvais un peu, car maintenant je me suis résignée à ces simples instants.
Ensuite nous avons traversé le parc, observant les oiseaux, les arbres, les fleurs, parfois le petit chine d'un promeneur. On ne savait plus d'ailleurs à qui parler, face à cet anthromorphisme bizarre qui transforme les conversations entre deux animaux, deux hommes, deux êtres étrangement différents dont un plus silencieux que l'autre. J'en ai ri.
Puis nous sommes rentrés, une journée, des boutiques, un duo complice, des heures ensemble. Il est si étrange malgré tout de parler avec elle, car pour moi, elle est toujours ma mère, pour elle, je ne suis qu'une gentille dame, même pas vraiment une amie, un simple personne. Nous ne pouvons plus parlé de notre passé commun, car il n'appartient plus qu'à moi, des souvenirs à sens unique. Alors comme aujourd'hui je l'embrasse, vivant l'instant présent avec intensité.
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