Que le premier qui ose dire que Dieu est mort récite par coeur ses psaumes ! Car si le progrès technologique avait remis en cause le principe même de « puissance suprême », la renaissance d’une nouvelle forme de spiritualité semble aujourd’hui indéniable, n’en déplaise aux athées les plus rigides. À conjuguer au pluriel. Âme du monde, force universelle ou énergie créatrice : qu’importe les appellations ou les noms qu’on lui donne, le sacré a la cote. Un lifting sans précédent pour l’Éternel, bien loin de l’image du barbu autoritaire qu’il était autrefois. Descendu de son nuage, le voilà jouer du croche pied face à notre esprit cartésien, dont la Terre entière, semble-t-il, a fini par se lasser.
Crédulité mise à part, même les plus sceptiques admettent désormais que certaines vérités les dépassent, comme la magie d’un heureux hasard ou l’enchainement exemplaire d’un domino d’événements. Ne parlons même pas de l’explosion récente des pratiques en quête de paix intérieure, comme en réponse à ce « vide » que les cultes consumériste et moderne ont échoué à combler. On y a cru jusqu’au bout pourtant, quitte à frôler l’overdose. Yoga, méditation, pleine-conscience et même végétarisme : autant de remèdes au "come back" détonnant pour soigner son esprit en même temps que son corps. Plus intimiste que la traditionnelle messe dominicale, la foi contemporaine se réclame d’abord libérée du carcan de l’appartenance religieuse. Inconstante, encore floue, elle n’en reste pas moins tout aussi sincère, si ce n’est plus. Un cri du coeur plus profond qu’un simple exutoire aux angoisses actuelles, manifeste d’un regain d’optimisme que l’on croyait depuis longtemps enterré. L’esprit s’éveille, délicatement, sans qu’aucun dogmatisme ne lui force la main cette fois-ci. Et même si les voies du ciel demeureront impénétrables encore longtemps, que gagnerait-on à vivre sans croire ?