Relire ses classiques est un rituel dont je ne me lasse pas … surtout lorsque la pluie ne cesse pas.
Coke en stock – publié en 1958 – est un des albums de Tintin les plus drôles et aussi les plus graves de la série. Il n’a hélas aujourd’hui pas pris une ride.
On y parle de corruption, de trafic d’armes, d’avions de ligne sabotés, de révolutions de palais dans les pays du Moyen-Orient sur fond d’exploitation pétrolière, et surtout, de la pérennisation du trafic d’esclaves entre la côte orientale de l’Afrique et Djeddah et La Mecque.
Certains gags sont restés dans toutes les mémoires et devenus cultes comme la question de savoir si le Capitaine Haddock pourra dormir avec la barbe au-dessus ou sous le drap. On y découvre aussi le Khazneh de Petra, qui fera les beaux jours du film de Steven Spielberg, « Les Aventuriers de l’Arche perdue, la dernière croisade ».
On y retrouve une foule de personnages déjà connus : le général Alcazar, Abdallah, l’abominable enfant gâté que son père l’émir Ben Kalish Ezab du Khemed envoie se réfugier à Moulinsart car il fait l’objet d’un coup d’Etat de la part de son ennemi le Sheik Bab El Ehr, le Senhor Oliveira – tous déjà rencontrés dans « Tintin au pays de l’or noir », le Docteur Müller, l’infâme Rastapopoulos devenu le milliardaire di Gorgonzola, l’ex-lieutenant du capitaine, le sombre Allan, l'hyper maladroite Bianca Castafiore, et même Dawson, croisé dans Le Lotus Bleu, et, pour finir en apothéose des casse-pieds, Séraphin Lampion.
On y fait aussi la connaissance du pilote estonien Szut, que l’on retrouvera plus tard dans « Vol 714 pour Sydney ».
Bien avant les travaux de Jacques Heers ou Olivier Pétré-Grenouilleau, la persistance de la traite négrière orientale est au cœur de l’aventure. Un sujet peu mis en lumière à l’époque et donc un soulignement particulièrement méritoire, qui m’a profondément marquée alors que je n’avais pas beaucoup plus de 12 ans quand j’ai découvert cet épisode.