Personne ne peut nier la montée en puissance des extrêmes, et ces élections firent la démonstration qu'il faut compter sur des mouvements nationalistes dans toute l'Europe. Le score le plus important nous vient de la France, où le FN (Front National) récolte près de 25% des suffrages. Mais à cela, nous y mettrons un bémol. Car il s'agit bien entendu, à l'inverse de la Belgique (où le vote est obligatoire), d'un pourcentage sur le nombre de participants votants, et non des citoyens. En effet, et vous verrez la vidéo en fin de billet, l'analyse de ce scrutin relève une participation à l'élection de ce dimanche de 43.5% pour l'Hexagone (en Tchéquie, la participation n'était que de 19.5%). Si vous comptez le score frontiste, en définitive, moins d'1 français sur 10 a voté FN. En Belgique, alors qu'au vote européen, s'ajoutaient le fédéral et les régions, la fronde nationaliste de la N-VA est également en progrès au nord, avec un gain de 3 sièges à l'Europe.
En effet, les troupes de Bart de Wever (le président de la N-VA, et maire d'Anvers) remportèrent une victoire inattendue dans les chiffres. Avec près de 33% des suffrages (alors qu'ils espéraient atteindre 30%), ce parti devient numéro un en Flandres, et donc détient -normalement- les cartes pour la formation des gouvernements fédéral et flamand. D'aucun estiment qu'il s'agit là d'une écrasante victoire, mais ici aussi il faut relativiser. Certes, un tiers des électeurs du nord votèrent pour la N-VA (alors que les socialistes obtiennent la première place des partis en Wallonie et à Bruxelles), mais on note aussi la culbute de l'extrême gauche du Vlaams Belang et de la Liste De Decker, qui profita sans conteste à la Nouvelle Alliance Flamande.
Pour ce qui est de l'Europe, et des 21 sièges attribués à la Belgique, le parti fort n'est autre que la NV-A, avec quatre eurodéputés, suivi des socialistes francophones, des libéraux (flamands et wallons), avec chacun trois parlementaires. Ensuite, les démocrates chrétiens des deux côtés de la frontière linguistique (2), des socialistes flamands, du Vlaams Belang, et des écolos (nord et sud) avec chacun un siège.
La victoire du Front National français, déjà décrite plus avant, se place dans un contexte européen du refus des gouvernements en place, même si dans certains États, comme les Pays-Bas, les nationalistes ne concrétisent pas les espoirs engagés. Ceux-là même qui refusèrent une alliance avec Marine Le Pen, afin de former un groupe politique à l'UE. Cette élection, qui fut boudée par de nombreuses personnes, ne peut faire oublier l'état du pays, et suscite de nombreuses questions, quant à savoir si un tel succès du FN pourrait se représenter lors d'un scrutin national à venir.
Au terme de ces élections, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a fait la déclaration suivante:
"Les citoyens dans l'Union européenne ont exercé leur droit démocratique et ont fait leur nombre de voix aux élections du Parlement européen. Je remercie tous ceux qui ont voté. Les résultats diffèrent sensiblement entre les États membres. Ces différences reflètent le mélange d'un débat politique paneuropéen avec les programmes nationaux spécifiques de notre Union. En conséquence, tous les dirigeants politiques au niveau national et européen doivent réfléchir à leurs responsabilités à la suite de cette élection.
Lors de l'évaluation des résultats, le fait que cette élection fait suite à la plus grande crise financière, économique et sociale en fin de compte doit être gardé à l'esprit. Il est extrêmement important que les forces politiques qui ont mené et soutenu les étapes essentielles de la réponse aux crises commune de l'Union, notamment les forces politiques représentées à la Commission européenne, ont ensemble remporté une fois de plus. Ils sont en effet ceux qui ont la plus grande représentation au sein du nouveau Parlement européen. Les résultats montrent que la majorité très solide et viable au Parlement européen est possible. Ces forces politiques ne sont pas d'accord sur chaque détail de la politique, mais ils partagent un consensus fondamental pour l'Europe qui doit maintenant être renforcée.
Je suis convaincu que la grande majorité des membres du Parlement européen a élu aujourd'hui relever ce défi et saisir cette occasion unique d'offrir des avantages tangibles pour les citoyens européens. Il est maintenant essentiel d'avoir une compréhension claire sur les priorités politiques pour le cycle politique suivant, de sorte que la transition institutionnelle adéquate selon les règles du traité démontre la capacité de l'Union à agir. J'attends les résultats de cette élection soient respectés dans les décisions prises par toutes les institutions européennes, notamment le Conseil européen et le Parlement européen".