2008 est une année critique pour la communauté juive de France. Outre la célébration des deux siècles d'existence du consistoire central, institué par Naopléon 1er, les juifs de France vont devoir élire le prochain Grand Rabbin de France. Celui-ci est élu pour sept ans. Son rôle est celui d'une autorité religieuse orthodoxe, mais non administrative. D'autres organismes (AUJF, FSJU, CRIF, etc.) se chargent de représenter les autres facettes du judaisme français. Le poste a été occupé par treize personnalités différentes, en deux cents ans d'existence, comme le rappelle Wikipedia.
Cette année encore, le débat fait rage entre partisans des deux principaux candidats, Joseph Sitruk et Gilles Bernheim, qui ont déja été opposé par le passé.
Jusqu'à présent, le grand Rabbin Sitruk l'a emporté. En poste depuis 1987, ce dernier brigue donc un quatrième mandat. La durée relativement longue de sa mandature est un des arguments que lui opposent ses adversaires. Mais d'autres, comme Emmanuel Deutz ou Jacob Kaplan, ont tenu ce rôle pendant plus de vingt années. Excellent orateur, "proche du peuple" dans une certaine mesure, Sitruk est apprécié d'une grande partie de la communauté. Bien que physiquement diminué par un grave problème de santé il y a quelques années, Joseph Sitruk a préservé tout son esprit, et toute son aura auprès des juifs de France. Grand ami de Jacques Chirac, partisan d'une orthodoxie plutôt sévère, il n'est pas apprécié de la frage plus intellectuelle de la communauté juive de France.
En face, les partisans de Gilles Bernheim souhaitent ardemment voir la communauté connaître le même renouveau institutionnel qui a vu un président quinquagénaire porté à la présidence de la république. Gilles Bernheim incarne non seulement un renouveau, mais aussi une approche différente du judaisme. Docteur en philosophie, Bernheim intervient tous les mardi à 19h30 sur la bande FM (94.8MHz), ses interventions valent d'aller écouter ce qu'il y dit. Contrairement à son adversaire, Bernheim incarne un judaisme orthodoxe mais ouvert, capable de réflexion sur lui-même. Sa candidature représente un véritable projet de changement des institutions communautaires, pour aborder avec de nouvelles idées les problèmes auxquels la communauté juive est confrontée: conversions, antisémitisme, éducation, assimilation, etc. Ses adversaires lui reprochent une trop grande ouvertrue d'esprit, des contacts trop fort avec le monde chrétien, et parfois un discours inintelligible à moins de bac+7.
La particularité, cette année, est que le débat a investi internet. Le site YouTube abonde de videos de soutien à l'un ou l'autre des deux candidats. Ici Gilles Bernheim:
et là, Joseph Haim Sitruk:
Les groupes de soutien sur Facebook fleurissent, que ce soit pour Gilles Bernheim ou pour Joseph Sitruk. Les blogs regorgent d'articles de soutien pour l'un ou l'autre des candidats: http://www.terredisrael.com/wordpress/?p=872, http://avenirdujudaisme.fr/content/election-au-grand-rabbinat-de-france-en-juin-2008-lappel-davenir-du-judaisme, les outils du Web 2.0 servent ici à alimenter un débat déjà très riche au sein des communautés.
Le seul point faible de cette élection, c'est le mode de scrutin franchement pas très clair. Il est assez difficile d'en obtenir une description précise. Apparemment quelques 300 "grands electeurs", notables des differentes communautes consistoriales de France éliront le prochain grand rabbin. A ce jeu là, l'avantage est au candidat sortant, déjà fort d'un réseau organisé, et quelque peu "dépendant" des représentants déjà en place. Luttes de pouvoir et corruption ne sont hélas, parfois, pas loin de tels systèmes électoraux.
Alors, en juin prochain, d'après vous, est ce que ce sera Gilles ou Jospeh?...