On estime à plus de 700000 le nombre de grossesses chaque année en France.
La grossesse n’est pas une maladie. Il n’est pas nécessaire de bouleverser les habitudes alimentaires, mais simplement d’être attentif à certains besoins. En effet, une alimentation mal adaptée peut avoir des répercutions sur l’état de santé de la mère et ou sur celui de l’enfant à naître.
Il faut profiter de la surveillance clinique de la grossesse pour faire une éducation nutritionnelle afin d’éviter carences ou excès ou idées fausses (manger pour deux). Education qui doit être proposée le plus tôt possible.
La prise de poids au cours de la grossesse a des incidences tant sur le développement intra-utérin puis ultérieurement du futur bébé que sur la corpulence et l’état de santé de la mère.
C’est la corpulence de la femme avant la grossesse qui va définir “la prise de poids idéale” ainsi une femme de corpulence moyenne peut ne prendre que 10 à 12 kg , tandis qu’une femme très maigre sera encouragée à prendre jusqu’à 16 kg.
BESOINS NUTRITIONNELS
Besoins énergétiques :
Pendant la grossesse, une légère augmentation de la ration énergétique est nécessaire pour assurer la croissance du foetus, des tissus (placenta…) et pour palier l’augmentation du métabolisme de base de la mère.
Les apports énergétiques dépendent :
- de l’âge de la femme enceinte
- de son activité
- de la corpulence de la mère avant la grossesse (rapport poids/taille)
On augmente la ration de 150 à 250 Calories par jour.
En cas d’excès pondéral, l’objectif est de limiter la prise de poids sans nuire au foetus.
En cas d’allaitement, l’apport énergétique supplémentaire pendant les 6 premiers mois de l’allaitement serait en moyenne de 500 cal par jour. Il correspond à la valeur énergétique du lait sécrété, plus l’énergie nécessaire pour sa production.
Besoins protidiques :
Ils sont accrus. L’apport protidique doit couvrir les besoins de la mère et les besoins du complexe foeto-placentaire.
On préconise 10 à 20g de protides en plus par jour par rapport à la femme non enceinte.
Il est souhaitable que la moitié au moins des protéines de la ration soit d’origine animale (de qualité nutritionnelle supérieure aux protéines végétales).
Besoins lipidiques :
L’apport lipidique total doit représenter 30 à 35% de l’apport énergétique total (AET)(comme chez la femme non enceinte), mais il faut veiller à assurer un apport suffisant en acides gras essentiels, indispensables pour le développement cérébral du foetus.
Varier donc les sources alimentaires de lipides : beurre, différentes huiles …
Besoins glucidiques :
Le glucose est la source essentielle d’énergie pour les tissus et le foetus.
Par contre, une consommation excessive de glucides peut engendrer chez la mère une obésité.
Les glucides ne doivent pas dépasser 55% de L’AET.
Privilégier les sucres lents (céréales, pain, légumes secs…) en les répartissant au cours des différents repas.
Pas de sucres purs en excés (<10 %de l’AET soit 50 g au maximum pour 2000 Kcal ).
Besoins en calcium :
Les besoins sont augmentés lors de la grossesse pour assurer les besoins de la mère et du developpement osseux du foetus.
La minéralisation du squelette foetal oblige la mère à adapter son métabolisme calcique à la demande foetale. Les apports recommandés sont de 1000 à 1200 mg de calcium par jour ( à titre indicatif : 1200 mg de calcium = 1/2 litre de lait + 30g de gruyère + 2 yaourts).
En cas d’allaitement l’apport calcique de la mère devra permettre de maintenir l’intégrité de son propre tissu osseux et de couvrir les besoins en calcium liés à la production de lait. Les apports recommandés sont de 1200 mg de calcium par jour.
Besoins en fer :
Malgré l’aménorrhée, les besoins lors de la grossesse sont majorés à cause de l’augmentation de la masse globulaire maternelle et des besoins foeto-placentaires.
Une couverture insuffisante de ces besoins peut être responsable d’anémie (une anémie en début de grossesse augmente les risques de prématurité et d’hypotrophie foetale).
L’idéal est de débuter une grossesse avec de bonnes reserves en fer ; une supplémentation médicamenteuse peut s’avérer utile dans certains cas.
En cas d’allaitement les besoins sont légèrement augmentés pour compenser les pertes sanguines lors de l’accouchement et dans la suite de couches. Ils sont de l’ordre de 20mg par jour.
Dans tous les cas, la consommation d’aliments riches en fer doit être encouragée : viandes, poissons, oeufs surtout, mais aussi épinards, légumes secs, fruits secs et oléagineux.
Autres sels minéraux :
Une alimentation variée et équilibrée couvre les besoins.
Besoins en vitamines :
Une alimentation variée, diversifiée, normocalorique suffit à apporter au foetus et à la mère les vitamines dont ils ont besoin, prévenant ainsi tous risques de carences (sauf folates et vitamine D).
Folates : les apports sont majorés. L’alimentation couvre difficilement les besoins donc insister sur les aliments riches en folates (légumes verts, fruits, céréales complètes, fromages fermentés…).Une supplémentation pourrait s’averer utile dans certains cas.
La carence en folates peut augmenter le risque de prématurité et de retard de croissance intra-utérin.
Besoin en eau :
L’eau est la seule boisson indispensable. Boire 1 à 1,5 litre par jour.
En cas d’allaitement, il est conseillé de boire 3 litres d’eau par jour pour couvrir les besoins de la mère et assurer la production de lait.
Besoins en fibres :
Elles sont importantes pour éviter la constipation fréquente pendant la grossesse due à la distension de la paroi abdominale.
Répartition :
En général, l’apport nutritionnel est réparti en 3 repas + 1 collation à 16h.
HYGIÈNE ALIMENTAIRE
La toxoplasmose :
Le principal risque spécifique lié à l’alimentation en cas de grossesse concerne la toxoplasmose. Le parasite responsable, le toxoplasme, est trés répandu en France. Plus de 70% des personnes de plus de 20 ans portent déjà des anticorps antitoxoplasmodiques, preuve d’une infection ancienne. Ces personnes ne risquent plus d’attraper la toxoplasmose.
La toxoplasmose est grave chez la femme enceinte non immunisée car elle peut entraîner un avortement, la mort in utero ou une foetopathie avec atteinte neurologique et rétinienne.
Le toxoplasme se transmet par :
- les selles des chats
- la viande mal cuite
- les légumes terreux
En pratique on retiendra :
- de cuire suffisamment toutes les viandes et surtout le porc
- éviter de manipuler les litières de chats
- rincer à l’eau les légumes et les fruits
- éviter le contact avec la terre lors de l’épluchage des légumes
- se laver soigneusement les mains après manipulation de viande crue
La listériose :
Maladie due à une bactérie que l’on trouve au niveau du sol, de la végétation et dans l’eau.
Cette bactérie est résistante au froid et peut se multiplier dans le réfrigérateur.
La listériose est une maladie rare mais grave lors de la grossesse (53 cas en 1997).
Généralement bégnine pour la mère, elle peut provoquer avortement spontané et accouchement prématuré.
En pratique :
- éviter la consommation de certains aliments crus (poissons fumés, coquillages crus, tarama, lait cru et fromage au lait cru)
- cuire les aliments crus d’origine animale (viande, poisson, lardons)
- éviter de consommer certains produits de charcuterie cuite (rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée) pour les charcuteries type jambon préférer les produits préemballés.
- enlever la croûte des fromages
- laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques.
- réchauffer soigneusement les restes alimentaires et plats cuisinés.
- nettoyer deux fois par mois son réfrigérateur, le désinfecter à l’eau javélisée et le rincer.
Alcool, café et tabac :
L’alcool est nocif pendant la grossesse. Il favorise la prématurité et le risque de petit poids de naissance. A fortes doses, il peut entrainer une altération du développement de l’enfant avec retard mental.
En pratique il est conseillé de limiter la consommation à 1 verre de vin par jour ou équivalent ou mieux encore de s’abstenir.
La consommation de café doit être modérée.
Le tabac augmente le risque de prématurité et de petit poids de naissance; il vaut donc mieux s’abstenir de fumer pendant la grossesse.
CONCLUSION
Seule la diversité de l’alimentation permet d’obtenir un bon équilibre des principaux nutriments et assure un apport correct en vitamines, minéraux et fibres.
A tout âge, et peut-être encore plus particulièrement au cours de la grossesse, il est nécessaire de veiller au maintien d’un bon équilibre alimentaire.
La grossesse entraîne une augmentation globale des besoins. Alors que celle ci est modérée pour l’énergie et les protéines, elle est beaucoup plus importante pour d’autres nutriments comme le calcium, le fer et les folates. Une supplémentation médicamenteuse est même, dans certains cas, souhaitable pour le fer, les folates et quelquefois la vitamine D.
Une éducation nutritionnelle devrait être faite en début de grossesse, malheureusement trop souvent les consultations diététiques ne sont demandés qu’à l’apparition de complications au troisième trimestre.