Depuis ces 9 dernières années, Steve Foster dirige le Conseil québécois LGBT. Et comme tout directeur général, l’homme a voulu donner des impulsions. Lui, a mis l’accent sur son organisme afin de devenir un interlocuteur de référence auprès du gouvernement. Les actions du Conseil québécois sont donc politiques. Aujourd’hui, il estime que les LGBT sont mieux acceptés socialement et que leurs droits continuent d’avancer. Mais quels sont les combats futurs ?
Les aînés
Un dossier clé pour l’avenir des gays et lesbiennes est la question des aînés. Car si aujourd’hui, être homosexuel n’est pas idyllique, l’être dans les années 50 ou 60 au Québec était encore plus difficile. «Cette génération n’a pas pu vivre longtemps comme gay ou lesbienne» précise Steve Foster.
La dernière des choses voulues serait «qu’ils retournent dans la garde-robe.» Car, si une personne est perçue comme homosexuelle dans les centres pour aînés, elle risque la marginalisation de la part des autres résidents et du personnel soignant. L’objectif est donc de travailler contre l’homophobie pour permettre un plein épanouissement des gays et lesbiennes.
De l’international…
Sur le plan de la solidarité internationale, le Conseil québécois travaille pour aider les organismes d’aide aux LGBT sur le terrain. Pour cela, il souligne des situations inquiétantes aux gouvernements, voire dénonce certains de leurs choix. Comme le choix du gouvernement fédéral de financer un groupe d’évangélistes (hostile aux LGBT) pour l’exploitation de puits en Ouganda. Pays qui vient d’adopter une loi anti-homosexuels…Si Steve Foster qualifie ce travail de nécessaire, il reconnaît que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de ses attentes. «Il y a quelque chose de pas cohérent» précise-t-il. «Car lorsqu’il est question de droits humains, les réactions sont moins importantes et les gouvernements moins impliqués.»
En tant qu’acteur politique, le Conseil québécois LGBT continuera à garder l’œil sur l’international pour veiller au respect des droits des membres de leur communauté.
…au rural
Sur le plan local, Steve Foster veut permettre l’accessibilité aux services à tous, et partout à travers la province. Car les mentalités ont beaucoup évolué et «ce n’est pas vrai que c’est le paradis à Montréal.» «Aujourd’hui encore, on peut se faire insulter dans le village». La vraie distinction entre Montréal et les régions est l’accessibilité aux services.Dans certains endroits, les écoles ne peuvent pas faire de sensibilisation et de prévention car il n’existe aucune ressource. Cela devient également difficile de socialiser et de réseauter avec des personnes vivant la même chose, puisque proportionnellement parlant, il y a moins de LGBT en région.
Beaucoup de LGBT viennent alors à Montréal par défaut, et non par envie. Pourtant ajoute Steve Foster, si ces personnes avaient eu les ressources dont elles avaient besoin, elles seraient restées dans leur région et se seraient investies dans les localités. «Car pour garder le monde, faut inclure tout le monde» conclu t-il.
Par moment, l’international et le local se rejoignent comme lors des Jeux olympiques de Sotchi. Tous ont pu voir le drapeau arc-en-ciel flotter au dessus d’hôtels de ville. Tous ont pu avoir ce sentiment d’appartenir à une communauté plus élargie.
Repenser les structures
L’un des dossiers les plus importants pour Steve Foster est de faire des états généraux sur l’action communautaire autonome. Qui sont les groupes? Que font-ils? Sont-ils efficaces? Quelles sont les pratiques innovantes? En somme, voir s’il n’y a pas moyen de faire plus et mieux. Autant de réflexions que suggère le directeur général afin que «les organismes s’organisent avant qu’ils ne se fassent organiser par le gouvernement.».
Suite à cette introspection, les acteurs communautaires jugeront s’ils ont besoin d’adapter leurs pratiques et leur mode de fonctionnement. Mais pour Steve Foster, l’important est de faire un état des lieux pour toujours servir aux mieux les intérêts de la population.
Autres présentations de Steve Foster et du Conseil Québécois des LGBT et photos sur la remise du Prix Droit et Libertés.
Photos Pierre Ouimet