« La mort n'était pas une abstraction. Je ne m'étais pas contentée de regarder mon mari y disparaître, et en le ressuscitant comme je le faisais, aujourd'hui encore, je me ressuscitais moi-même. »
Le bruit des autres, ce sont les sons que produisent les voisins locataires de Celia. Elles les écoute, les identifie et les nomme. Chacun d'entre eux ponctuent ses journées. Celia souffre de la mort de son mari. Elle s'est construit une bulle qui la préserve du tumulte du monde. L'arrivée de Hope va faire basculer l'équilibre précaire que Celia était parvenue à construire.
Après avoir été pendant plusieurs années en charge de la fiction à Playboy Magazine où elle a publié de nombreux auteurs américains, Amy Grace Loyd signe un premier roman d'une grande maîtrise.
L'écriture agit sur le lecteur, son rythme sensuel enlace et hypnose. Le désir, les fantasmes, la curiosité qui s'entremêle à la convoitise, les limites à ne pas franchir pour rester soi-même. Des pages qui, l'air de rien, vous ferrent avec force. Le bruit des autres est aussi un livre sur le chagrin. La difficulté de se relever, la lenteur de la reconstruction, la perte des repères dans la souffrance et le bouleversement du changement. Le décor du récit, New-York post 11 septembre, renforce le propos de l'auteure. J'ai tourné la dernière page conquise par cette écriture profonde et langoureuse.
Stock, 272 pages, 2014, traduit de l'anglais par Jean Esch