Un Milan déchiré en attente de décisions

Publié le 26 mai 2014 par Passionacmilan

Après une saison extrêmement décevante, l’AC Milan veut repartir. L’objectif du club est de retrouver la Champions League au plus vite. Barbara Berlusconi l’a personnellement annoncé. Mais comme souvent, surtout à Milan, les belles paroles sont rattrapées par la dure réalité. La seule chose qui est évidente aujourd’hui, c’est que Milan est un club déchiré, divisé à tous les niveaux. Des dirigeants jusqu’aux joueurs. Et tant que la situation ne sera pas claire au plus haut niveau, entre Lady B et Galliani, ce sera difficile de repartir…

UN MILAN DIVISÉ…
La fille du président parle sans arrêt de bonne gestion, notamment lors de ses dernières déclarations : « L’Atletico Madrid est un exemple : à travers un projet, une bonne programmation et un réseau efficace d’observateurs, même avec des ressources limitées, on peut obtenir d’excellents résultats. Ils ont remporté la Liga devant des clubs aux ressourcent beaucoup plus élevées. Ils ont un chiffre d’affaires deux fois moins élevé que Milan et Juventus, et une masse salariale nettement plus basse. L’objectif de Milan pour la prochaine saison? Je tiens à être très directe envers les tifosi, cette saison a été très décevante et on doit se mettre au travail pour ramener Milan vers le haut. L’objectif est de revoir Milan lors de la Champions League 2015 – 2016. » N’est-ce pas une critique à moitié cachée contre la gestion Galliani?

Du côté du sportif, géré par Adriano Galliani, les premiers pas du mercato ont été la prolongation de contrat d’Abbiati et l’arrivée d’Agazzi, un gardien modeste de 30 ans qui a vécu sa carrière entre Serie B, Cagliari et Chievo. Questions : un club qui déclare vouloir retrouver le podium de Serie A et se présente en championnat avec un duo Abbiati – Agazzi est-il crédible et cohérent? Ce qui signifie également que dans un an, la question du gardien resurgira. Est-ce l’attitude d’un club qui veut lancer un nouveau cycle et miser sur des jeunes, qui a un projet et une programmation club à long terme?

Le décalage entre les idées innovantes de Barbara Berlusconi et les méthodes ancestrales de Galliani augmente chaque jour. Tant que la société comptera deux administrateurs délégués avec des idées et des méthodes diamétralement opposées, sans une cohésion, une union voire une symbiose totale, ce sera très difficile de penser à une refondation efficace et durable de Milan. Jusqu’à quand Lady B arrivera à observer les désastres de Galliani sans réagir?

Les fractures au sein du club se situent à tous les niveaux. Seedorf est critiqué par Berlusconi, détesté par Galliani et une partie de l’équipe. Les Rossoneri sont divisés comme le prouve la bagarre entre Amelia et Bonera. Tout cela a pu être observé lors de l’inauguration de Casa Milan : le salut glacial entre Galliani et Seedorf, le visage fermé de Tassotti, des joueurs peu souriants et tous distants de Mister Clarence si ce n’est Robinho, Kakà et Gabriel, les seuls avec qui il a discuté. Cela ne peut plus durer.

Une équipe qui doit repartir de zéro ne peut pas se permettre de commencer la saison avec tant de problèmes. Si pour Seedorf et les joueurs, les décisions prises par Berlusconi et Galliani sur choix de l’entraineur et le mercato peuvent régler les différends, les tensions au plus haut niveau des dirigeants ne peuvent être apaisées vu les visions de gestion très différentes de B. Berlusconi et Galliani. L’AC Milan restera une bombe à retardement.

…ET IL FAUT POURTANT AVANCER
C’est dans ce cadre peu serein que Milan tente d’avancer. Maintenant que les élections du 25 mai sont passées, Berlusconi et Galliani vont se réunir dès ce soir pour décider du futur immédiat du club. Cette rencontre sera fondamentale car elle fixera les lignes directives : entre autres, le choix de l’entraineur, les joueurs à vendre, le budget et la décision concernant Rami et Taarabt.

La première étape sera le choisir le prochain entraineur. Ces dernières semaines, la cote de Seedorf n’a cessé d’osciller, entre départ certain et confirmation. La plus grande erreur du club serait de le confirmer uniquement à cause de son contrat (juteux) et / ou par manque d’alternative. Néanmoins les dirigeants semblent vraiment décidés à changer d’entraineur. Et il n’y aura pas de négociations possibles avec Seedorf car Clarence compte bien faire respecter son contrat.

Milan devra continuer à payer le salaire mensuel de Clarence en attendant (et espérant) qu’il trouve une nouvelle équipe à entrainer. Pour le remplacer, les noms se bousculent mais il y a toujours aucune certitude. Unai Emery semblait être devenu le favori mais à Séville, ils sont convaincus qu’il prolongera. Si Milan est réellement intéressé (Berlusconi semble hésiter), le temps presse car l’entraineur devra donner une réponse définitive à Séville mercredi. Il y a très peu d’alternatives. Spaletti et Montella coutent trop cher, Donadoni n’enthousiasme pas Berlusconi. Inzaghi serait un choix très risqué, pour le club et pour lui même. Malgré cela il reste un candidat très sérieux, probablement le principal si la piste Emery échoue.

Ce soir, Berlusconi et Galliani prendront les premières des décisions. Verrons-nous arriver un entraineur étranger alors que jusqu’à présent ils ont tous échoué (et tous virés) dans le Milan de Berlusconi (Tabarez, Terim, Leonardo, Seedorf) ou un entraineur italien qui connait déjà la langue et la Serie A? La tradition du « Milan aux milanistes » sera-t-elle respectée? L’incertitude est totale mais ne devrait plus durer.

MILAN, LES PROCHAINES ÉTAPES
Alors que les autres équipes ont démarré leurs premières opérations de mercato, à Milan l’attente grandit. C’est bien beau l’inauguration de Casa Milan (mais dans une ambiance détestable), un très beau projet et une innovation remarquable mais maintenant l’AC Milan va sérieusement devoir penser au projet sportif et créer une équipe compétitive.

Symboliquement, le musée de Milan semble avoir été inauguré à un moment où l’histoire du club s’est arrêtée (espérons provisoirement). Il est en effet difficile de reconnaitre Milan, à tous les niveaux. Il y a à peine trois ans, on racontait encore le triomphe du club en Italie; aujourd’hui, on en arrive à des histoires ridicules et puériles qui concernent les dirigeants, l’entraineur et les joueurs. Mais il y en a encore qui seront sérieusement convaincus que les non evoluti de Passion AC Milan sont défaitistes et polémiques en toutes circonstances. Le problème est que notre curiosité et notre amour pour Milan nous pousse à dénoncer la décadence du club pendant que d’autres continuent de renier la réalité, comme l’orchestre du Titanic qui a continué à jouer gaiment alors que le paquebot coulait. Bref.

On attend avec impatience d’être démentis car cela signifierait le renouveau de l’AC Milan. Mais pour cela il faut une situation claire au niveau des dirigeants, le choix d’un entraineur adapté et une révolution au sein de l’équipe. Actuellement il y a 3-4 équipes supérieures à Milan en Serie A et pour espérer annuler ou du moins réduire l’écart, les dirigeants devront effectuer un travail de titan avec un budget extrêmement serré.

Le bilan financier est très important mais la partie business est intimement liée à la partie sportive : sans une équipe compétitive et sans trophées, le chiffre d’affaires n’augmentera jamais. Milan doit obligatoirement repartir : retrouver des victoires et renouer avec les tifosi est indispensable pour se remettre sur la bonne voie. Une autre saison comme celle à peine terminée serait une catastrophe. En plus de la compétitive, Milan devra aussi reconquérir la confiance des tifosi. Encore quelques jours et la situation deviendra un peu plus claire. Place au nouvel entraineur et au mercato. Finalement.