Citoyens !
De plus en plus, les phénomène d’expression, de discussion en ligne, soulèvent auprès des clients mais aussi auprès des blogueurs eux-mêmes des interrogations, des doutes : comment mesurer la “force” d’un blog, d’un média en ligne, comment mesurer son impact réel sur l’opinion ou sur le développement d’argumentaire ?
Au-delà des nombreux débats déjà proposés sur la blogosphère comme :
- “vendre du temps de cerveau actif (…) Internet propose aux annonceurs un temps de cerveau…en état d’activité ! Et c’est ce qui fait sa force !” par Rafik Smati
- “Tout d’abord, il ne faut pas confondre audience et influence, c’est pourtant la 1ère erreur de base commise par toutes les personnes non initiées.On peut avoir un blog avec une forte audience (il suffit de parler des choses que les internautes vont chercher sur le web) et pas d’influence (…) Vous l’aurez compris, l’influence d’un blogueur se fait principalement sur ses lecteurs habituels, sur la communauté qu’il a réussi à mettre en place et dont il prend soin chaque jour.” par Grégory Pouy
François Guillot s’est livré à un nouvel exercice statistique qui à mon sens peut ouvrir de nouvelles portes pour essayer de structurer les mesures : l’audience relative. Attention cependant, François s’attache en général plus à la mesurer qualitative, mais son exercice visait à aller vers un indicateur “en plus” permettant d’étayer une démonstration. Extraits :
“on peut effectuer des comparaisons entre blogs et sites médias en ligne. Les blogs n’ont en général pas des audiences comparables à celles des sites médias, mais ils écrivent beaucoup moins. Il serait donc très intéressant de pouvoir comparer l’audience relative des blogs et l’audience relative des médias en ligne…”
L’idée est donc de pondérer le nombre de lecteurs (déclarés officiellement via les flux RSS etc.) en rapport avec le nombre de billets publiés.
En outre, François propose (déjà) de relativiser son outil en essayant de faire cet exercice par “niches de marché”. En clair, faire ce classement pour les blogs fashion, blogs politiques…etc.
En guise de conclusion, on se rend compte que la blogosphère et son analyse tendent à se structurer de plus en plus. Ce qui est une bonne nouvelle afin de savoir dans quoi on avance. Cependant j’ai l’intime conviction que ces communautés d’alliés reposent aussi sur un paramètre offline fondamental : le capital social cher à Bourdieu. Aucune audience du monde ne fera basculer les opinions. Par contre si mon prescripteur me recommande d’aller voir la vidéo dont tout le monde parle pour telle ou telle raison, j’ai plus de chance de lui faire confiance. On introduit une (encore) autre question : le rapport entre la nécessaire visibilité de l’information (résiste, prouve que tu existes !) - et oui il faut bien être lisible pour être lu…- et sa crédibilité ou son rôle de prescription : faut-il être omniprésent (non pas omniprésident, non non !) pour être incontournable ? Un de mes anciens chefs à Athènes me disait toujours : rends toi indispensable sans être insupportable. L’article fondateur de Bourdieu est disponible ici :
“Le capital social est l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance; ou, en d’autres termes, à l‘appartenance à un groupe, comme ensemble d’agents qui ne sont pas seulement dotés de propriétés communes (susceptibles d’être perçues par l’observateur, par les autres ou par eux-mêmes) mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles. Ces liaisons sont irréductibles aux relations objectives de proximité dans l’espace physique (géographique) ou même dans l’espace économique et social parce qu’elles sont fondées sur des échanges inséparablement matériels et symboliques dont l’instauration et la perpétuation supposent la re-connaissance de cette proximité.”
On sait que dans l’analyse sociologique, la télévision était dans les années 70-80 (tu sais, la fin de Led Zep, tout ça) le lieu de socialisation par excellence des familles. Il est très intéressant de voir que de nouvelles réunions ont désormais lieu via un PC. Et que l’individu n’est finalement pas si isolé, ou tend à ne pas / plus l’être.