Ce manuel est traité sous la forme d’une correspondance entre l’écrivain Martin Page, et une jeune écrivain Daria. Le lecteur n’a accès qu’aux lettres de l’écrivain. Martin Page donne des conseils d’écriture à Daria, pour avancer, pour ne pas se décourager. Il devient une sorte de mentor pour cette jeune fille qui rêve d’écriture, de publication, mais qui a besoin de soutien. Il évoque toutes les facettes du métier d’écrivain : tout d’abord son statut, la jalousie qui peut régner, le fait que les artistes soient catalogués, la situation parfois précaire de ce choix de vie, et tout ce qui peut toucher de près ou de loin ce métier.
J’ai mis du temps à dire que j’étais écrivain. Quand je m’y essayais, j’avais le sentiment à la fois d’une usurpation et d’une prétention, comme si le mot était trop prestigieux.
Ce texte m’a fait penser inévitablement aux Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, la bible de tous les écrivains. Il m’a aussi rappelé le dernier livre de Dany Laferrière, le Journal d’un écrivain en pyjama, qui offre des conseils aux jeunes écrivains. Manuel d’écriture et de survie entre dans cette lignée de textes qui soutiennent les auteurs, qu’ils soient jeunes, ou en période de doute. Ce genre de livre est une mine d’or, un soutien incontestable, qui permet de nous rappeler que tous passent par des périodes plus ou moins difficiles.
Le découragement est une étape du travail. Ce n’est pas un accident, ni une anomalie, mais une nécessité. Ecrire un roman est un art difficile tout autant qu’une source d’excitation. Et ce n’est que le début de l’aventure. Etre publié n’est pas évident, être remarqué est une chose rare, vivre de son art est l’exception.
Ce livre est aussi bien pour les lecteurs qui aimeraient découvrir un peu plus le versant du travail d’écriture, que pour les écrivains eux-mêmes. Sans prétention Martin Page nous ouvre les portes de sa propre création, de sa pensée sur le monde de la littérature et de la culture aujourd’hui, tout autant que sur sa vision de la situation de l’écrivain actuellement. On aimerait lire plus souvent ce genre de livre.
Je crois qu’on pourrait enlever les murs de ma maison, les livres la feraient tenir debout.