Si ces indices visibles à l’imagerie cérébrale du syndrome de fatigue chronique étaient confirmés, ce seraient les premiers marqueurs d’une maladie jusque-là quasiment « indiagnostiquable ». Ces travaux de chercheurs de l’Université Emory, présentés dans la revue PLoS ONE, identifient, chez ces patients, une activité réduite dans les ganglions de la base ou noyaux gris centraux, une zone du cerveau impliquée, justement, dans l’activité motrice et la motivation.
Le Syndrome de fatigue chronique (SFC) est responsable d’un lourd fardeau sanitaire avec ses symptômes de fatigue persistante, faiblesse musculaire, douleurs, troubles de la mémoire et du sommeil. Sa prévalence est estimée, très globalement, entre 0,1% et 3%. Si le SFC est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1992, il est caractérisé par une fatigue intense qui ne s’améliore pas avec le repos et s’aggrave avec l’exercice et le stress. A ce jour, aucun marqueur biologique ou organique n’a été retenu pour détecter ou diagnostiquer ce syndrome. Le diagnostic qui consiste à éliminer toutes les autres sources ou facteurs de fatigue reste donc complexe.
Les chercheurs se sont concentrés sur les noyaux gris centraux car ce sont, expliquent-ils, les principales cibles de l’inflammation dans le cerveau, elle-même facteur de SFC. Plusieurs troubles neurologiques impliquent un dysfonctionnement des noyaux gris centraux dont la maladie de Parkinson et la maladie de Huntington. Enfin, des patients atteints d’hépatite C et traités par l’interféron alpha présentent une activité réduite dans les noyaux gris centraux et, éprouvent, simultanément une fatigue intense.
SFC et ganglions de la base désactivés : Les chercheurs ont comparé par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) l’activation cérébrale chez 18 patients diagnostiqués avec SFC et 41 témoins sains, informés qu’ils avaient gagné de l’argent s’ils parvenaient à deviner la couleur d’une carte, rouge ou noir. Après leur proposition, la couleur de la carte était révélée et l’activation des noyaux gris centraux évaluée, en cas de gain et de perte.
L’analyse montre que les patients atteints du syndrome de fatigue chronique présentent une activation moindre des ganglions de la base et cette réduction de l’activité s’avère également liée à la sévérité des symptômes de fatigue.
Ces observations suggèrent l’intérêt de médicaments permettant de bloquer l’inflammation ou d’améliorer la fonction des ganglions de la base pour traiter le SFC. Des recherches de traitements anti-inflammatoires pour réduire la fatigue et la perte de motivation sont déjà en cours.
Source: PLoS ONE May 23, 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0098156 Decreased Basal Ganglia Activation in Subjects with Chronic Fatigue Syndrome: Association with Symptoms of Fatigue
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