J'ai bredouillé (gênée) : "euhh non...". Je suis sortie du bureau de vote. J'ai fait quelques pas. Je me suis dit que c'était stupide, que je n'avais rien de prévu à 20h, j'ai fait demi-tour, et je me suis inscrite pour y participer en me disant que cela pourrait être intéressant!
En effet, ce fut le cas.
Cette soirée qui m'a marquée a été l'occasion, pour moi d'essayer de comprendre pourquoi il y a tant d'indifférence, de haine, de déception à l'égard de l'Union Européenne, et de discuter avec les autres scrutateurs (personnes qui ont procédé au dépouillement) de cette campagne qui fut - selon moi - un échec alors même qu'il y avait matière à débattre
On a parlé de la campagne pour les Européennes un peu au dernier moment, en toute précipitation, parce que cela venait peut être trop de temps après les élections municipales, parce qu'il s'agit d'une préoccupation secondaire pour la plupart d'entre nous.
Les arguments des politiques étaient inaudibles. J'ai tout de même pris soin de m'informer en lisant la presse , en écoutant la radio...
Je suis déçue de la politique qui est menée en France, mais j'ai essayé de pendre du recul par rapport à nos petites intrigues franco-français, et j'ai quand même été glisser mon bulletin dans l'urne pour 3 raisons :- parce que je suis une européenne convaincue! Je me sens française, j'aime (trop!!) mon pays, mais je vois également ce que nous apporte l'Europe dans notre vie quotidienne (et dont on ne parle pas assez).On a beaucoup parlé des chargeurs de portable universels, mais il y a bien plus important!On a le droit de circuler partout en Europe, d'aller travailler dans 26 pays, même parfois dans la fonction publique d'un autre pays (à l'exception des professions à composante régalienne : police, justice, douanes...), et même d'étudier en Europe grâce au programme Erasmus (je crois qu'il y a toute une génération qui en profite sans bien se rendre compte de cette chance). Il y a également le permis de conduire européen (qui permet de conduire dans les pays de l'UE). C'est un énorme progrès!On crache aussi beaucoup sur l'euro. Je me rappelle avoir fait des voyages scolaires en Europe, il fallait changer la monnaie (bonjour les commissions), faire des calculs pas possibles, bref c'était compliqué!Enfin, l'Europe nous a apporté sur le plan politique. Après deux guerres mondiales, la guerre froide, la guerre dans les Balkans... les Européens ont ENFIN fait le choix de vivre pacifiquement. Des institutions veillent au respect de nos droits (ex : la cour de justice de l'Union Européenne). Enfin, il y a eu une amélioration de la législation sur la protection de l'environnement (principe pollueur-payeur et principe de précaution), sur le contrôle des produits alimentaires, des jouets pour enfant, et de nombreuses subventions européennes qui permettent de construire des infrastructures dont nous profitons tous les jours, de mettre en place des politiques à l'échelle locale...
- parce que l'on n'est pas fondé à se plaindre des dérives de l'Europe (libéralisme, problèmes d'immigration...) si l'on n'a pas été voté. Et oui, il est plus facile de vilipender l'Europe, et les hommes politiques que d'agir! Pour défendre sa vision de l'Europe, il faut choisir un candidat qui porte un minimum les valeurs que l'on défend. Même si c'est un combat de titan, même si on est parfois déçu, il me semble important de faire un choix, de ne pas laisser aller les choses.Je veux une Europe plus solidaire, plus proche des préoccupations des citoyens, qui défende les droits de l'homme, qui protège nos spécificités culturelles, qui ne tombe dans un libéralisme non raisonné et sans régulation.- parce que c'est un acte citoyen, tout simplement. Je préfère aller voter, même blanc, mais aller voter.Il y a tellement de pays dans lesquels ce droit -qui nous semble anodin- est bafoué, que j'exerce mon droit et mon devoir de citoyenne, une fois de temps en temps!
L'Europe telle qu'elle est aujourd'hui est loin d'être parfaite. Il y a encore d'énormes progrès à faire (sur l'harmonisation des fiscalités, sur la concurrence, sur la politique étrangère...), mais c'est normal. Comment trouver un compromis entre 27 pays qui ont des histoires, des cultures, des intérêts différents?Cela n'est pas possible, il faut donc faire au mieux, être patients. Nous avancerons petit à petit, nous reculerons, nous ne serons pas forcément satisfaits, mais il faut se rappeler qu'un continent uni vaut davantage qu'un continent divisé.Nous Européens, avons quand même une identité culturelle commune, des principes à défendre, à prôner, à exporter!