Après « Cosmopolis », présenté au 65ème Festival de Cannes, David Cronenberg nous livre « Maps to the Stars ». Le réalisateur canadien retrouve Robert Pattinson et Sarah Gadon, tandis que Julianne Moore, Mia Wasikowska et John Cusack complètent le casting. Le long-métrage fût présenté en sélection officielle au 67ème Festival de Cannes et faisait partie de la compétition. Julianne reçu le Prix d’interprétation féminine. « Maps to the Stars » sortait dans nos salles françaises le 21 mai 2014.
Synopsis : À Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star, son père Sanford Weiss, auteur à succès et coach de célébrités, sa cliente Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywod est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchaînement des pulsions et l’odeur du sang.
Avec « Maps to the Stars », Bruce Wagner livre un scénario aux allures de thriller paranoïaque. Ce n’est que petit à petit que le long-métrage se dirige plus vers une farce loufoque, où Hollywood en prend pour son grade à chaque séquence. C’est dans ce mélange de style que le scénario se révèle brillant à bien des égards. En réalité, durant tout le visionnage, le spectateur aura l’étrange impression de regarder un épisode des « Feux de l’amour », de « Un jour, une vie » ou toute autre fiction bas de gamme. L’intelligence de « Maps to the Stars » est de désacraliser un Hollywood tout puissant, tout beau, à l’aide d’une fiction se voulant très sérieuse, et pourtant très drôle, prenant place au cœur même de la ville. L’histoire n’a pas tellement d’importance, ce qui compte est tout ce qu’elle amène à côté : un jugement cruel et viscéral sur une société dite intouchable. Au final, le long-métrage joue énormément sur la frontière très mince entre réalité et fiction.
N.B. : L’impression que donne « Maps to the stars » d’être une sorte d’épisode de feuilleton est accentuée par la présence d’un invité de renom, qui y interprète son propre rôle.
Cette frontière aux délimitations étroites est avant tout mise en avant avec la présence d’acteurs interprétant des personnages, étant eux-mêmes des acteurs. Les acteurs jouent des acteurs donc, et cela donne une ambiguïté impressionnante au long-métrage : on ne sait jamais si les personnages sont sincères ou non, au vu de leur métier. Toujours dans cette relation entre réalité et fiction, il faut noter qu’il est assez amusant de voir Robert Pattinson jouer un chauffeur de limousine rêvant de devenir acteur, alors qu’il profitait comme un prince d’une même limousine dans « Cosmopolis », le précédent long-métrage de David Cronenberg. Si les différents acteurs se trouvent être tous très bons, le seul nom que l’on retiendra à la fin du visionnage de « Maps to the Stars » est celui de Julianne Moore. Elle tout bonnement incroyable, n’hésitant pas à jouer avec son corps et son faciès, se transformant complètement à l’écran : la marque des grandes actrices.
La réalisation de David Cronenberg permet à « Maps to the Stars » d’obtenir une ambiance à la fois malsaine et pesante. La caméra du réalisateur canadien, aidée d’une superbe photographie, alimente les névroses et autres vices des personnages. Il y a cette scène où le personnage de Benjie Weiss (interprété par un Evan Bird extraordinaire) joue avec un pistolet. Durant toute la séquence, la tension est palpable et la mise en scène hypnotique. La composition musicale de Howard Shore en est pour beaucoup également, tout en grâce et force. Le fait que les histoires se multiplient, permet aux une heure et cinquante-et-une minutes de ne paraître jamais longues. Un rythme effréné est tenu durant cette durée où les rebondissements, tous plus extravagants les uns que les autres, arrivent chaque vingt minutes. « Maps to the Stars » possède tous les ingrédients d’un mauvais téléfilm mais la réalisation de David Cronenberg offre une seconde lecture plus subtile qu’il n’y paraît.
« Maps to the Stars » est l’ôde de David Cronenberg contre le Hollywood aux paillettes superficielles et egos surdimensionnés. Porté par des acteurs exceptionnels, un scénario brillant et par une réalisation intelligente, ce nouveau long-métrage amène un jugement acerbe mais jamais gratuit envers un système coincé dans sa propre bulle et où les protagonistes ne rêvent que de « liberté ».
Maps to the Stars. De David Cronenberg. Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska, Olivia Williams, John Cusack, Robert Pattinson, Evan Bird, Carrie Fisher, …
Sortie le 21 mai 2014.