Le Conseil québécois LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) ne s’est pas construit sans entraves, avec une communauté parfois divisée sur les priorités sociales à défendre. Steve Foster, à travers un discours sincère, «démystifie» cette communauté méconnue.
Naissance du CQ LGBT
Le Conseil québécois LGBT naît en 1993, dans un contexte de violence sociale et policière à l’encontre des gays. L’organisme œuvre activement pour faire respecter les droits sociaux de la communauté, dans le cadre du public, mais aussi sur des questions d’ordre privé (mariages, droits de filiation). Néanmoins, les LGBT se butent aux mésententes entre les gays, lesbiennes et bisexuels (la communauté transsexuelle fut représentée plus tardivement), parfois en désaccord sur les priorités.
Au début des années 2000, l’organisme s’essouffle. C’est en 2005, après un redoublement d’engagement dans la communauté homosexuelle, que Steve Foster se découvre une véritable aspiration à la concertation et au rassemblement. En décembre de la même année, il est élu au conseil d’administration de la Table de concertation des lesbiennes et des gays du Québec. L’année suivante, il est nommé président. La Table de concertation devient le Conseil québécois LGBT.
Conflit avec l’Église
«Autant il y a un courant favorable à la montée des LGBT, autant il y a un courant aussi fort pour faire régresser ses droits. Contrairement à l’Europe, où les droits humains sont tributaires de la situation économique et s’y butent, au Québec, nous avons dû nous battre contre l’Église catholique.» Si une grande partie de la population est parvenue à s’affranchir d’une Église omniprésente et sévère, une autre frange reste sur ses positions entre autres, sur les droits sociopolitiques de la communauté LGBT. Steve Foster nous en parle: «Grâce aux campagnes contre l’homophobie et à la démystification, une majeure partie de la population est finalement en faveur du mariage entre conjoints de même sexe. Néanmoins, il existe une frange de la population que nous n’arriverons jamais à sensibiliser.»Déconstruire et décloisonner
Steve Foster le précise, le Conseil québécois LGBT n’a pas comme seul but de promouvoir et d’œuvrer pour les droits sociaux de cette communauté. D’autres aspirations, certainement moins connues, se révèlent de même importance. Il s’agit de «déconstruire l’homophobie» et de décloisonner la communauté LGBT. «Nous devons dénoncer l’abus du terme "homophobie", il ne faut pas trop crier au loup sinon on ne nous écoutera plus. Il est très important que notre communauté garde toute sa crédibilité», dit-il.Au fil des années, le Conseil québécois LGBT a bâti une grande crédibilité autant dans sa communauté qu’en dehors. Car le président insiste sur le fait que les membres ne sont pas juste LGBT, ils sont aussi jeunes, travailleurs sociaux, femmes, aînés ou chômeurs.
Le prix des droits et libertés est une reconnaissance du travail et de l’engagement de Steve Foster et du Conseil québécois LGBT.
Autres présentations de Steve Foster et du Conseil Québécois des LGBT et photos sur la remise du Prix Droit et Libertés.
Photos Pierre Ouimet