Qu'un feuillage oublié revienne aux mains des arbres, tout l'espace s’emplume, s’envole de ses jeunes ailes, d’un nid de bois mort qui ne servira plus. Voici l’herbe debout l’herbe dardée d’un astre qui s’enflamme et lève avec puissance. Vert firmament, azur gazonnant, semé de mille étoiles blanches et menues, au cœur jaune et palpitant tourné vers d’autres saisons. Le tombeau est vide et vaste. De la pierre levée la semence s'échappe. Les vents, les vents en portent l’annonce, les vents aux longs cheveux des femmes, qu’on ne veut toujours pas entendre !
La pluie a fleuri le cerisier, ses longs bras élancés, maigres encore, et noirs, tout ruisselants d’une flamme sinueuse qui fait fondre la neige d’une peau qui passe. Tout se meurt à vouloir renaître. Tant de lumière éclose, non, ce n’est pas un rêve, mais une brillance nouvelle, une effervescence, la terre qui s'élève d’un épi, le ciel immense pour la recevoir. Comme le bouton qui éclate au chant du merle, tout gluant de sa semence, l’air ouvert jusqu’en son bleu le plus profond, la terre étire ses horizons et s'agrandit en dedans, pour faire place à toutes les feuilles qui attendent. Elles poussent aux portes du jour, écartant les rêves trop étroits, les langes aux ailes repliées, la chaleur trompeuse d’une nuit trop longue, qui s’évapore dans l’œil grand ouvert d’un ciel venteux.
Philippe Mac Leod