On raconte que Zeus, en froid avec son épouse Hera, s’éprit d’amour à la seule vue d’une jeune Phénicienne du nom d’Europe. Se transformant en taureau, il l’enleva puis lui fit un enfant : Minos. Cette légende résume assez bien la position actuelle de la France. Explication.
Aujourd’hui, en 2014, la crise de l’Euro semble s’éloigner de plus en plus laissant apparaître tous les problèmes qui lui étaient sous-jacents. La crise française est incontestable, il y a des problèmes permanents qui remettent en question un certain nombre d’acquis.
La place de la France dans le monde
La France perd des parts de marché dans presque tous les secteurs : depuis 2000, la part de marché des exportations mondiales françaises a chuté de 35,7% en valeur, avant de stabiliser autour de se 3,3% depuis 2010. La reprise des exportations a été timide en 2011 et au cours de ces derniers mois on en arrive encore à la régression. Le déficit du commerce extérieur atteignait en 2012, 70 milliards d’euros et les déficits s’accumulent depuis 2003. Symbole de la perte de compétitivité française, la consommation française se tourne de plus en plus vers l’étranger. La France est compétitive dans le nucléaire et l’aérodynamique, mais ce ne sont que des niches technologiques de plus en plus limitées alors qu’elle perd du terrain sur ses points forts traditionnels, tels que la production de biens intermédiaires (voitures), car elle a de plus en plus de difficultés à vendre ces produits du fait des salaires élevés et d’un euro fort pénalisant les exportations.
Le déclin de la France
Si depuis 2002 on a soutenu la consommation, c’était aussi pour lutter contre le chômage. En 2005/2006, le gouvernement Villepin a réussi à le faire baisser grâce à une virulente politique de l’emploi menant à un endettement public alors sans précédent. Le problème étant qu’on ne peut mener une politique de l’emploi sans véritable compétitivité, or l’Etat est garant de « la grandeur et de la puissance de la France ». C’est un pays qui a été une grande puissance, et qui n’admet pas avoir perdu de l’influence. Cette politique fondée sur la grandeur coûte donc cher. Le dernier coup d’éclat de la France en matière de politique étrangère reste le discours de Villepin en 2003 ou l’intervention au Mali dans une moindre mesure. Il faut se rendre à l’évidence, la France ne pèse plus beaucoup dans l’échiquier géopolitique mondial. La fière reine d’antan a laissé place à un malheureux fou cloitré entre le solitaire cavalier allemand et la reine américaine.
La fin d’un mythe
Il y a plus de 3 millions de chômeurs en France, dont plus 2 millions qui sont en situation de précarité. Le quart de la population active est touchésoit par le chômage soit par la précarité. Quant au chômage des jeunes, il dépasse 27%. De plus, depuis 1974 la France est l’un des seuls pays qui a constamment été concerné par le chômage de masse (>7%). Ce dernier est de plus un facteur d’inégalités, il remet donc en cause le modèle républicain. C’est la fin du mythe de l’ascenseur social. Le politique n’assure donc plus le respect du pacte républicain d’où la montée de l’extrémisme.
Et l’Europe ?
Une des logiques de la France depuis les années 50 était d’affirmer son rôle dans la construction européenne. Jusqu’en 2005, la France en était le moteur. Le rôle de la France semble cependant amoindri puisqu’elle paraît être la remorque de l’Allemagne en acceptant la rigueur imposée par cette dernière. La crise de l’euro rejaillit sur la crise française car elle englobe aussi une démographie inquiétante, à savoir une Europe restrictive à l’immigration. L’Europe semble, à travers cet aspect à l’écart de la croissance mondiale et perd du terrain par rapport aux USA et aux pays émergents. Elle n’est plus en mesure de proposer des modèles forts. Plus grave encore est la question des différences fondamentales existant entre les pays européens. La mise en place de la monnaie unique sans la mise en place d’une politique économique commune a aussi fait que le modèle européen soit facteur de crise. Cette crise a donc permis la mise en place d’instances nouvelles : la supervision des banques au niveau européen par exemple. Un mal pour un bien donc.
La solution à tout cela ? Peut être encore plus d’Europe. L’union bancaire n’est qu’un pas de plus vers une renaissance de l’Europe tant économique que politique. Ce n’est qu’ainsi qu’on arrêtera enfin de parler d’interdépendance mais plutôt de sentiment d’appartenance. Devenir européen comme on est américain pourrait être la solution. On ne peut plus envisager à ce stade une France sans Europe ou même une Europe sans France.