Bitcoins : ce qui devait arriver, arriva

Publié le 20 mai 2014 par Edelit @TransacEDHEC

A la fin du mois de février 2014, l’une des principales plateformes d’échange de bitcoins, MtGox a fermé ses portes, officiellement à cause d’un vol par piratage informatique. Le montant dérobé est astronomique (850 000 bitcoins soit environ 400 millions d’euros) et place la plateforme nippone sous contrôle des autorités gérant les faillites. Le 2 mars c’est au tour de Flexcoin de stopper ses activités, à la suite d’un vol de 896 bitcoins soit 580 000 dollars. Quel impact auront ses fermetures sur la viabilité du bitcoin et des monnaies virtuelles en général ? C’est la question à laquelle Transaction EDHEC tente de répondre.

Le braquage 3.0

C’est peut-être le casse du siècle qui s’est produit le 24 février 2014. En effet, des hackers ont, selon l’enquête en cours, réussi à introduire un logiciel-pirate permettant de faire croire aux serveurs de la plateforme MtGox que les opérations de change et autres transactions de portefeuille à portefeuille n’aboutissaient pas et qu’il fallait donc les recommencer. Cette ruse a permis de dérober comme nous l’avons dit plus haut près de 850 000 bitcoins. Du fait du vide juridique qui entoure cette monnaie virtuelle et du montant des actifs qui se sont évaporés, les clients lésés n’ont que très peu de chances de trouver réparation à leur préjudice. Face à cette déconvenue pour le moins cataclysmique, Mark Karpeles, le patron français de la plateforme MtGox, a tout simplement fermé la plateforme de change, a mis fin au compte Twitter de MtGox, laissant pour l’instant sans réponse les différents acteurs opérant sur cette plateforme.

Le manque de sécurité autour d’une des plus anciennes plateformes d’échange, a pour le moins affolé le marché. Le cours du bitcoin qui dépassait les 1000 dollars en novembre et était à 800 dollars en février, est tombé à 135 dollars. Cette chute vertigineuse impacte toutes les plateformes et un nombre bien plus conséquent d’acteurs. C’est l’ensemble de l’économie-bitcoin (soit l’équivalent de 7 milliards de dollars en circulation) qui est en péril. La bulle bitcoin, qui dure depuis 2008 comme on peut l’apprécier sur le graphique, semble aujourd’hui se heurter à l’insécurité de ses plateformes d’échange. Ce pourrait être le détonateur d’une crise du bitcoin et avec elle, des monnaies virtuelles dans leur ensemble.

C’est la crise, docteur ?

Si l’on parle de bulle et de crise dès à présent c’est qu’il y a bien un problème de fond avec les monnaies virtuelles qui sont totalement indépendantes et abandonnées au libre jeu de l’offre et de la demande. Cela dépasse de loin les enjeux de la sécurité informatique des plateformes d’échange. Les monnaies virtuelles ne reposent, contrairement aux devises classiques, que sur l’offre et la demande. Elles échappent ainsi aux diktats de l’émission contrôlée et de l’impôt pour les économistes les plus libéraux, mais à quel prix ?

L’effet de mode, l’emballement général des marchés et les avantages que présente la monnaie virtuelle, ont poussé le cours du bitcoin à plus de 1000 dollars comme on peut l’observer sur le graphique, et cela sans aucune raison concrète. Les cours du dollar ou de l’euro fluctuent en partie en fonction de l’offre et de la demande, mais aussi en fonction des résultats commerciaux des Etats-Unis ou de l’UE. La monnaie n’est pas livrée qu’aux spéculations et aux anticipations du marché, certaines informations économiques réelles orientent l’évolution des cours.

Le bitcoin tel qu’on le connait aujourd’hui n’a jamais été plus près de sa fin. Il faut, pour espérer le voir perdurer, à la fois sécuriser les échanges par internet mais aussi que les autorités monétaires des différents pays s’accordent sur le comportement à adopter face à ce nouveau type de monnaie. Peut-être qu’au lieu d’en être effrayé et de la laisser dans un flou juridique, il faudrait une concertation internationale entre les pays dans lesquels s’échangent des bitcoins. Toutefois, le problème d’une monnaie évoluant uniquement selon les intuitions du marché ne sera pas réglé. Les monnaies virtuelles demeureront par nature instables.