Il était une fois trois opérateurs de téléphone, Orange (ancien France Telecom), Bouygues Telecom, et SFR, ces trois opérateurs s’adonnaient à une concurrence honnête supportant des coûts assez similaires, proposant une gamme d’offre somme toute assez semblable. Dans ce petit monde, chaque Français avait son petit chouchou parmi les trois. Mais ce petit paradis fut soudain bouleversé lorsque le vilain Free Mobile pénétra dans le royaume de France.
Janvier 2012, l’arrivée du trouble-fête
Dès la cérémonie officielle organisée par Free le 10 janvier 2012, qui marque l’arrivée de l’opérateur en France, le ton est donné par son PDG, Xavier Niel, qui qualifie les clients des trois opérateurs historiques de « pigeons ». Une fois que cela est fait, il démontre par a + b que ses offres sont les moins chères de tout le marché, qu’il a réussi le pari de diviser les prix par deux. C’est vrai, question prix, il n’y avait pas de débat, mais il faut reconnaître que niveau qualité, ce n’était pas encore ça. Problèmes de couverture, mauvaise qualité des appels, des bugs récurrents ternissent l’image du nouvel arrivant. Xavier Niel se défendra en se disant victime de son succès, en effet, l’entreprise connait un succès fulgurant, ce qui a le don d’agacer la concurrence et surtout Martin Bouygues (PDG de Bouygues Telecom) qui a porté plainte contre Free pour les propos tenus parle PDG lors de la cérémonie. La guerre est déclarée.
Le péché originel qui sème le trouble
Vous lisez cet article, vous êtes donc une personne intelligente qui doit se demander pourquoi les trois autres mousquetaires n’ont pas fait alliance contre cet intrus qui vient dévorer leurs parts de marché si durement acquises. Ce qu’il faut savoir c’est que jusqu’en décembre 2011, la couverture 3G de Free s’élevait à moins de 40% du territoire français, ne permettant pas un lancement sur ledit territoire. Il fallait donc que Free trouve un allié au sein de la confrérie des opérateurs historiques. Et c’est Orange qui va honteusement trahir ses confrères en signant un accord d’itinérance nationale. Cela permet aux futurs clients qui ont « tout compris » d’appeler ou d’être appelésvia le réseau d’Orange. Free s’offre donc une couverture similaire aux autres opérateurs en déboursant plus 1 milliard d’euros sur 6 ans. Matin Bouygues a très mal vécu ce contrat entre les deux opérateurs, et on assiste alors autant à une guerre des prix qu’à une joute verbal par médias interposés entre Martin Bouygues qui s’oppose à Stéphane Richard (Orange) et Xavier Niel.
De lourdes conséquences pour Bouygues
L’arrivée de Free a plus que perturbé les opérateurs historiques. Bien qu’à son lancement il ait connu quelques problèmes, le nouvel arrivant propose des prix tellement attractifs qu’un nombre impressionnant de clients ont quitté leur ancien opérateur. Cela a eu un effet immédiat pour Bouygues qui a plongé dans le rouge dès 2012, obligeant l’entreprise à trouver de nouvelles solutions pour renouer avec les bénéfices. Elle a donc dû tailler dans ses effectifs pour maintenir sa rentabilité et proposer de nouvelles offres comme B&You qui ont fortement conquit le public. De plus l’arrivée de la 4G fin 2013 lui a permis de rebooster ses ventes. Encore plus récemment elle a proposé une offre triple play sur l’internet fixe à moins de 20 euros, soit 12 euros de moins que l’offre actuelle. L’annonce de cette offre a eu un effet immédiat sur le cours d’Illiad (maison-mère de Free) qui a vu son cours chuter de 7%. Bouygues a remporté une victoire mais pas la guerre, en effet fin 2013 la 4G avait permis au groupe d’augmenter ses ventes mais c’était sans compter l’arrivée du forfait 4G de Free à 19€99 qui coupe l’herbe sous le pied des autres opérateurs qui voulaient rentabiliser leurs lourds investissements en faisant payer un prix élevé pour ce service.
Récemment, les PDG d’Orange et Bouygues se sont réconciliés après une discussion téléphonique, peut-être commencent-ils à se dire que ces querelles sont inutiles et que s’ils veulent survivre ils doivent communiquer. Car une chose est sûre, si cette guerre des prix venait à durer elle pourrait pousser un des quatre opérateurs à mettre la clef sous la porte. Quatre opérateurs ? Et oui quatre puisque SFR ne semble pas vouloir participer à ce feuilleton, restant en retrait de tous ces débats qui définiront pourtant l’avenir d’un des secteurs clés de l’économie française.