La Chupicuaro © musée du quai Branly photo Arnaud Baumann
Sculpture de Chupícuaro
Période préclassique récente, VIIe-IIe siècle avant J.-C.
Etat de Guanajuato, Mexique
Terre cuite polychrome
H. 31 cm
Musée du quai Branly dépôt au Pavillon des Sessions (musée du Louvre)
Inv. 70.1998.3.1
Peut-être connaissez-vous déjà l’histoire de la Chupicuaro, l’emblème du Musée du Quai Branly. Il faut pourtant savoir que, d’une part, elle est exposée au musée du Louvre (porte des Lions), et d’autre part, son identification n’est pas forcément évidente pour le grand public. Alors, qui est-elle ?
Reprenons au commencement : les arts précolombiens sont, comme leur nom l’indique, ceux datant d’avant l’arrivée de Christophe Colomb. Ils désignent donc à la fois un lieu (les Amériques) et une époque (avant la Conquête espagnole, dont la date varie selon les territoires, entre 1500 et 1550 environ).
Là-dedans, on distingue plusieurs aires culturelles, dont les deux plus célèbres sont la Mésoamérique, ici :
© Sémhur via Wikipedia
Et les Andes centrales, qui correspondent grossièrement au Pérou actuel :
© Mapa: Universes in Universe
On laissera de côté les Andes centrales aujourd’hui, mais sachez que les Incas, le Machu Picchu, les murs faits de pierres monumentales, les lamas et les gens heureux parce qu’ils mâchent de la coca, c’est ici.
La Mésoamérique a été le berceau de nombreuses grandes civilisations : Olmèques, Toltèques, Mayas, Aztèques… L’Empire aztèque s’est développé au niveau du Bassin de Mexico, entre 1345 et 1521 environ. Les Mayas se sont eux installés plus au sud, englobant la péninsule du Yucatán et une partie de l’Amérique centrale (Guatemala, Belize…), dès le Ier millénaire avant notre ère. Même s’ils n’ont jamais disparu, l’apogée de leur civilisation est estimée entre 600 et 800 de notre ère.
Bon, mais alors, cette bonne femme en culotte courte, d’où vient-elle ?
via http://su-asti-gil.over-blog.com/article-33233866.html
Elle provient de la culture Chupicuaro, qui s’étend dans l’Occident du Mexique entre 600 avant J.-C. et 250 après J.-C. environ. Non, vraiment, ce n’est pas la culture la plus célèbre du continent.
Cette figurine a été certainement trouvée dans l’une des 400 tombes fouillées sur le site éponyme de Chupicuaro, dans le Guanajuato. Il s’agit bien d’une effigie féminine, car malgré son vêtement collant, son sexe est indiqué. Ses volumes arrondis, aux hanches pleines, insistent d’ailleurs bien sur une morphologie que l’on veut propre aux femmes. Ce jeu sur les courbes contraste complètement avec le décor peint, très géométrique, sur son visage, son buste et ses épaules – indice de la pratique de peintures corporelles ou de tatouages à l’époque.
Les bras reposent sur l’abdomen, où toute l’attention de l’artiste semble s’être focalisée : des losanges concentriques attirent l’œil, et font écho à la forme des yeux. Ce serait une façon d’évoquer la maternité, dans un monde où la fertilité humaine est associée à la fertilité des champs, indispensable à la survie des populations. Le fait qu’elle ait été associée à une sépulture peut rappeler le cycle de la nature : comme les plantes qui meurent puis renaissent chaque année, on devait espérer que le défunt reprenne vie dans l’autre monde.
Louise Deglin
Pour en savoir plus :
TALADOIRE, Eric ; FAUGERE KALFON, Brigitte. La Mésoamérique : archéologie et art précolombiens. – Paris : La Documentation française, 1995. – 351 p. : ill. – (Manuels de l’Ecole du Louvre)
FAUGERE KALFON Brigitte ; DARRAS Véronique. Chupicuaro : au-delà de la sphère funéraire. – in Archéologies. 20 ans de recherches françaises dans le monde. Paris : Maisonneuve & Larosse, 2004.
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