Dans un sens, il n'est donc pas surprenant que toutes les banques ne soient pas encore présentes sur ces « nouvelles venues » (aux États-Unis, ce sont même près de la moitié des 25 établissements les plus importants qui n'ont pas franchi le pas, selon Javelin Strategy). Pourtant, les dernières estimations de Forrester Research devraient décidément réveiller les retardataires, puisqu'elles nous révèlent que, en 2016, les services bancaires européens compteront plus d'utilisateurs sur tablette que sur mobile.
Les analystes identifient au moins 3 facteurs qui justifient cette tendance de fond. Tout d'abord, les ventes de tablettes sont en forte progression. Ensuite, elles s'accompagnent d'une augmentation du nombre d'applications disponibles, sous la pression de la demande des consommateurs, qui s'exerce ainsi sur les institutions financières. Enfin, il semblerait que les clients aient beaucoup moins d'inquiétude vis-à-vis de la sécurité de leurs comptes sur une tablette que sur un smartphone (peut-être tout simplement parce qu'ils craignent moins de l'égarer ?).
Attention ! Il ne faudrait pas déduire de ces prédictions que la banque sur mobile va décliner. Au contraire, elle continuera à progresser, rapidement, de 42 millions d'utilisateurs en 2013 à presque 100 millions en 2018. En parallèle, l'usage des tablettes va, lui, littéralement exploser, passant, sur la même période, de 19 millions à une projection de 115 millions d'adeptes ! Le grand « perdant » de cette évolution sera le service de banque en ligne classique, conçu pour un accès depuis un micro-ordinateur.
Au-delà de ces estimations moyennes, les écarts entre pays resteront cependant marqués. Forrester note, par exemple, que la France pourrait être le seul pays parmi les 7 inclus dans l'étude (les autres étant l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni) où la bascule du mobile vers la tablette ne sera pas réalisée en 2016, parce que, d'une part, l'adoption des tablettes y est moins rapide que dans le reste de l'Europe et que, d'autre part, l'usage du m-banking y est particulièrement élevé.
Quoi qu'il en soit, la tendance est là et il va falloir la prendre en compte ! Les établissements qui ne proposent pas encore de solution à leurs clients sont évidemment les premiers concernés. Mais, pour beaucoup d'autres, il va devenir critique de réévaluer la stratégie actuelle : les applications pour smartphone hâtivement ré-habillées en vue d'une utilisation sur grand écran ne répondent pas aux attentes des consommateurs. Il devient urgent de prendre en compte les usages spécifiques des tablettes (comme l'a fait, brillamment, Citi, entre autres).