Bordeaux se termine. Et le voyage tient en trois morceaux de musique.
Chute libre
On peut passer son hiver à traîner dans un FabLab, monter une imprimante 3D, se plonger sans retenue dans des univers virtuels, se palucher sur un travelling de Scorsese, compter ses doigts de pied ou bien encore faire de la fondue de poireaux... Mais rien de tout çà, absolument rien, ne fait bouffer. Sauf les poireaux.
D'où le retour au turbin.
Et le retour à la vraie vie a gentiment collé un uppercut. Après un démarrage parisien en douceur début avril, Bordeaux et sa bonne dose de crasse, de manut', d'achats de trucs et de bidules, est venu presser les entrailles.
Musique idéale, dans ces conditions, pour se retrouver en vrac à sept heures du mat', le long de la Garonne, après une nuit d'orage, avec le soleil qui peine à brûler le gris. Arrivée dans le trou à rats froissé comme une première page de roman ratée. Il a fallu respirer lentement pendant quelques jours pour remettre les entrailles en place.
Rebond
Reprendre pied se fait en fonçant pleine balle. La rage au ventre pour seul médoc. Et Bordeaux se dessine. Jeunesse bien dégagée derrière les oreilles et polo couleur pastel, centre ville coquet, marché opulent, bords de Garonne calés au millimètre... Et toute la zone nord, celle du lac, en pleine construction, réaffectation, renaissance. Des grues de 100 mètres par paquets de douze, des ouvriers par centaines, des ruelles défoncées par des poids lourds imposants, des zones d'activités commerciales . Au milieu, le trou à rats qui suffoque. En sursis jusqu'à fin août avant destruction pour cause de création de la rue de Ouagadoudou, la capitale burkinabé, jumelée avec Bordeaux. Même le maire - de là-bas - a été invité aux repérages.
Du son nerveux, un flow dans un seul souffle. Dans la coquetterie bordelaise, il vient parasiter l’image. Interférences et glitchs. Parmi le béton et les grues, le même son durcit les contours.
Vitesse de croisière
Pour retrouver la paix, rien de tel que des souvenirs pour touristes. Une petite journée de pêche aux peintures de rue. Une grosse après-midi à traîner autour des entrepôts désaffectés et des terrains vagues. Loin du centre et de sa propreté de Disney Village. Le bleu du ciel invite à la flânerie, le vélo à pousser plus loin et les murs à s'arrêter pour contempler.
Écouter un truc qui glisse. Évident. Pour avancer au bon rythme. Et s'apaiser.