On parle beaucoup
de la retraite, de l’adaptation de la société au vieillissement, des seniors au
chômage, mais peu des fins de carrières dans l’entreprise.
Et pourtant,
c’est un changement important dans la façon de vivre son quotidien en
entreprise, un changement qui vient du regard des autres et qui vous fait
prendre conscience que justement, on est en fin de carrière.
Depuis la RH
qui vous met dans la case « personnel sensible à suivre », jusqu’aux
collègues qui voient dans votre éventualité de départ à la retraite l’ouverture
à leurs ambitions personnelles.
Côté RH, on
devient un cas à traiter, et on perd son rôle de cadre reconnu pour son
travail. Le plan senior et le contrat de génération sont passés par là, mettant
un coup de projecteur sur la catégoriedes seniors (considérés comme tel partir de 45 ans rappelons-le !). Il faut
assurer la continuité, ce qui est légitime, mais malheureusement rarement fait
en totale concertation avec l’intéressé.
On ajoute un
N + 1, on supprime le poste – certains apprennent la suppression de leur poste dans le nouvel organigramme affiché -, on contracte avec des prestataires extérieurs qui prennent en charge une partie
de votre travail.
On vous
parle de réorganisation et on vous invite à faire des propositions. Certains
sont également invités à dégraisser leur service, se doutant bien que le dernier touché, ce sera eux. Pour d’autres,
on recrute un collaborateur performant, qui a des compétences similaires aux
vôtres … mais quelques années de moins et qui ne se
contentera pas longtemps d’être le N -1.
Le bal des
ambitions est ouvert !
Cette prise
de conscience d’un départ envisagé dans l’entreprise réveille les ambitions
personnelles de certains d’autant plus si vous avez un job sympa, ou
stratégique.
Il y a ceux
qui ne vous adressent plus la parole puisque votre avenir est compté dans l’entreprise,
inutile de « perdre son temps » désormais avec vous,
Il y a ceux
qui font savoir en haut lieu que tel ou tel aspect de vos fonctions les intéresse et qui manoeuvrent
pour les récupérer au plus vite,
Il y a ceux
qui cherchent des prestataires concernant votre domaine d’activité dans votre
dos, sans vous en parler,
Il y a ces
réunions où on « oublie » de vous inviter, ces congrès où vous n’êtes
plus conviés …
Voilà qui
est humain, peut-être, mais pas forcément un bon calcul. Ces ambitions
personnelles viennent heurter l’élan de travail collectif et contribue à
installer une ambiance de clan et de défiance.
Pourquoi
cette passation ne peut-elle pas être faite proprement. Voilà un mystère qui
questionne bien des seniors en poste.
Cette ronde
des ambitions est une spirale qui vous entraîne. Moins de confiance, moins de
reconnaissance, c’est une démotivation et donc moins de performance. Finalement, tout le
monde y perd.
Le contrat
de génération était une bonne idée avec sa notion de transmission du
savoir. C'est aussi une reconnaissance et se dire qu’on peut partir en ayant effectué
son cheminement professionnel, de l’apprentissage à la maturité, jusqu’à la transmission. Dommage que ce
contrat n’ai pas rencontré plus de succès avec seulement 20 000 contrats signés au
lieu des 75 000 prévus en 2013.
Ce qui
rassure, c’est que cette façon de faire est malheureusement partagée dans la
plupart des entreprises, et ce qui vous arrive aujourd’hui leur arrivera demain. Et
heureusement, tous les collègues ne sont pas sur ce modèle. Droiture et
solidarité sont des qualités qu’on trouve encore.