grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
grande main de fer rouge
grands ongles qui nous scient les os
grands ongles qui nous ouvrent les yeux
comme des huîtres
grands ongles qui nous cousent les lèvres
grands ongles d’étain rouillé
grands ongles d’émail brûlé
mais viendront les panaris
panaris
panaris
la grande main qui nous cloue au sol
finira par pourrir
les jointures éclateront comme des verres de cristal
les ongles tomberont
la grande main pourrira
et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs.
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Roland Giguère (Montréal, Québec 1929-2003) – L’âge de la parole (1965) - Ecrit en 1951