Le Syndicat national des officiers de police (SNOP) est plus mesuré. "D'habitude, assure son secrétaire général, Dominique Achispon, les collègues des RG (renseignements généraux) contrôlent de loin, sauf s'il y a des excités. A mon avis, ce sont des directives nationales..."
Avant Melun, où des tee-shirts de la CGT ont été confisqués par la police, il y a eu un précédent lors d'un autre déplacement de Nicolas Sarkozy, à Vienne, le 13 mai. Depuis, un forum de discussion s'est ouvert sur le site Internet du SNOP. "Ce n'est pas mieux que lors du passage de la flamme olympique, où des gorilles des services chinois dirigeaient le service d'ordre et où les collègues avaient pour instructions d'arracher les drapeaux, pancartes en faveur du Tibet", s'insurge un policier, sous pseudo, après lecture d'un article de Libération.fr qui racontait que les forces de l'ordre avaient saisi des tracts, des autocollants et même des journaux.
"Le fait est que nos préfets et concepteurs sont tellement terrorisés à l'idée qu'on puisse leur reprocher une bourde anti-présidentielle et de subir ainsi un coup d'arrêt certain à une carrière qui s'annonçait des plus prometteuses, qu'ils prennent des initiatives malheureuses", écrit un autre. Henri Martini, secrétaire général de l'UNSA-police, majoritaire chez les gardiens de la paix, croit savoir que "tout s'est bien passé à Melun, rien n'a été retiré aux manifestants". Il ajoute : "Nous n'avons pas eu connaissance de consignes particulières, mais ce genre de pratiques serait anormal. La police ne saisit pas du matériel de manifestation, hormis des piquets de banderoles ou des hampes de drapeaux qui peuvent constituer des armes par destination, ou bien des tracts ou des tee-shirts lorsqu'ils présentent un caractère discriminatoire, raciste ou injurieux."
Toutes les organisations syndicales s'accordent cependant sur un point : rien n'a pu se faire sans instructions précises. "Ce n'est pas une initiative des collègues eux-mêmes, tout seuls, sur le terrain, cela relève de consignes, souligne Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance. Le déplacement d'un président n'étant pas celui de n'importe quel quidam, on dit alors : "Faites en sorte que tout se passe bien.""
Les ordres, donc, viendraient d'en haut. "Lors d'un déplacement présidentiel en province, c'est le préfet du département concerné qui est responsable du dispositif de sécurité, et c'est lui qui apprécie les instructions à donner aux forces de l'ordre", indique-t-on au ministère de l'intérieur. Aucune consigne ne serait partie de la Place Beauvau.
Le préfet de Seine-et-Marne n'a malheureusement pas pu être joint vendredi, mais ses services enjoignaient de... "contacter l'Elysée".