Le gouvernement s’engage à leur fournir toute une panoplie de service : conseils stratégiques, montage financier sur mesure, formations, accès privilégiés à des réseaux d’experts, traitement rapide des dossiers. Mais il impose une kyrielle de conditions encore plus imposante :
- un comité consultatif ou un conseil d’administration dans les six premiers mois suivant sa nomination;
- suivi d’une formation de pointe sur les meilleures pratiques de gestion de la croissance;
- Un plan stratégique dont l’enjeu est la croissance de l’entreprise;
- élaboration et réalisation d’un plan d’intervention convenu conjointement entre l’entreprise, son chargé de projet et les partenaires (MFEQ, IQ, CLD, Export Québec, Emploi-Québec);
- obtenir les services professionnels proposés par les partenaires (MFEQ, IQ, CLD, Export Québec, Emploi-Québec);
- fournir les renseignements requis portant sur les services offerts et la progression de l’entreprise sur une période de cinq ans.
Je ne nie pas que les PME en forte croissance puissent bénéficier d’un coup de pouce ponctuel pour prendre leur envol. Mais je doute qu’un autre programme concocté et géré par des fonctionnaires soit la solution.
Croyez-vous vraiment qu’un fonctionnaire puisse donner des conseils stratégiques? Identifier des experts que l’entrepreneur ne connaît pas déjà? Donner des formations sur comment gérer une entreprise? Si vous répondez oui à ces questions, demandez-vous alors pourquoi ce fonctionnaire n’est pas devenu un entrepreneur?
Par définition un fonctionnaire est tout l’opposé d’un entrepreneur : peur du risque, priorité au processus plutôt qu’au résultat, interprétation étroite des règlements, etc. Je ne blâme pas le fonctionnaire. S’il veut survivre, il doit se conformer aux exigences qui prévalent dans la fonction publique.
Un entrepreneur qui a bâti une entreprise de 200 employés affichant un chiffre d’affaires de plus de 2,5 millions $ et démontrant une forte croissance n’a certainement pas besoin d’un fonctionnaire pour lui dire quoi faire ni comment le faire.
S’il a besoin de capitaux il s’adressera à son banquier, à Investissement Québec, à Investissement Canada ou aux Fonds FTQ, CSN et Desjardins. La dernière chose dont il a besoin ce sont des fonctionnaires qui n’en finiront plus d’exiger des rapports sous tous les formats possibles.
S’il a besoin d’expertise stratégique, il fera appel à d’anciens collègues, à un réseau de mentor, à la Chambre de Commerce local, etc. Je doute que le réseau d’affaire des fonctionnaires soit plus pertinent que son propre réseau.
Il existe déjà tellement de programmes d’aide que les entrepreneurs doivent embaucher des consultants et des lobbyistes pour s’y retrouver. Une chatte en perdrait ses chatons. Un autre programme ne fera que compliquer davantage la vie des entrepreneurs.
Pour aider les entrepreneurs, il faudrait plutôt libéraliser l’environnement économique : simplifier la réglementation, réduire la fiscalité, mettre à niveau les lois du travail, etc. Les solutions sont connues. L’Institut Fraser, l’IÉDM et la FCEI ont déjà fait le tour de la question plusieurs fois. Il ne manque que la volonté politique d’agir.
Heureusement, le gouvernement Couillard a annoncé son intention de réévaluer ce nouveau programme. Espérons qu’il aura le courage de l’annuler et de proposer des mesures plus pertinentes qui permettront de vraiment améliorer le sort des entrepreneurs.