D'abord l'image : c'est une vidéo tournée à Sichuan 30 minutes avant le tremblement de terre. Un phénomène rare, unique, une sorte d'arc en ciel horizontal, comme un signe, une vision céleste, une marque prémonitoire.
Vient corroborer cette vidéo, cette autre tournée, elle, 10 minutes avant le tremblement de terre.
Et puis, une histoire. En anglais.
Une sorte de fable. Résumé : un homme enlève une grosse écharde de la patte d'un éléphant qui souffre énormément. Vingt ans plus tard, dans un zoo, un éléphant patriarche vient rappeler ce souvenir à cet homme. Mémoire d'éléphant d'un éléphant reconnaissant ?
Mais regardez bien cette histoire, et jusqu'au bout.
Ces deux histoires mettent en scène des signes, à savoir que ce l'on veut voir du réel. Nous qui moquons, nous fonctionnons tous de la sorte, nous ne passons pas notre vie à analyser froidement toute situation.
Tout signe est trompeur et vrai. Trompeur car c'est nous qui le fabriquons. Vrai parcequ'en le fabriquant, nous donnons du sens à cet insaisissable réel. Ce dernier devient alors fabuleux, au sens premier du terme. Donc supportable.
Cet éléphant n'était sans doute pas le même. Nous construisons un sens à partir d'hasardeuses coïncidences. Ici, pour se rappeler que ce que nous faisons de bien, d'héroïque jamais ne s'efface des mémoires.
Et dans l'autre cas, celui de l'arc en ciel, que anticipant les mille tortures, la lumière divine est omniprésente.
L'homme, comme un enfant, a besoin de fables, de mythologies, de films, d'oeuvres pour survivre.