La CGT se distingue des autres syndicats français par sa politique du jusqu’au-boutisme, c’est-à-dire sa préférence pour des actes illégaux ou les catastrophes plutôt que la recherche d’une solution de compromis. Que l’on se rappelle quelques faits. En 2005, les salariés de la SNCM se lancent dans la piraterie maritime en abordant un navire chargé de tourisme et en les prenant en otages. Le port de Marseille décline depuis des années jusqu’à être devenu un port de seconde catégorie, internationalement déclassé, à la suite des grèves à répétition des dockers de la CGT. Aujourd’hui les cargos préfèrent allonger leur voyage et se dérouter vers Hambourg ou Anvers, Gènes ou Rotterdam, plutôt que d’être pénalisés par des jours d’attente en pleine mer devant Marseille. Ces mêmes dockers ont instauré une sorte loi salique à la mode syndicale de transmission du poste de docker de père en fils, à condition d’être encarté à la CGT. La violence du discours de certains leaders syndicaux cégétistes envers les chefs d’entreprises est un autre symptôme de cette dérive jusqu’au-boutiste. Rappelons-nous les menaces proférées envers le patron de Peugeot-Aulnay et des non-grévistes (car il y en a toujours). Rappelons-nous ces mêmes menaces envers Goodyear-Amiens qui a abouti à la fermeture de l’usine, comme cela s’est également produit à Florange où la violence syndicale n’avait, à l’évidence, aucune chance d’inciter Mittal à relancer les hauts fourneaux. Comment obtenir quoi que se soit lorsque l’on menace de faire sauter les installations industrielles avec les bouteilles de gaz ou en prenant des cadres en otages ? Comment peut-on passer pour un interlocuteur valable lorsque l’on profère de telles absurdités ? Un nombre considérable de kiosques à journaux ont fermé à la suite de l’intransigeance de CGT-Portalis qui n’a pas hésité à bruler des milliers d’exemplaires de journaux. Aujourd’hui, la SNCM est au bord de la disparition à cause de la démagogie destructrice de la CGT qui a installé, au sein de l’entreprise, un mode de fonctionnement économiquement impossible et qui rebute tout repreneur éventuel. La SNCM a perdu sa place de premier transporteur à destination de la Corse au profit de Corsica-Ferries qui fonctionne avec deux fois moins de salariés, qui a mis en place la polyvalence de ceux-ci, qui a permis l’embarquement des animaux domestiques accompagnés, qui a multiplié les rotations journalières à destination de la Corse, toutes choses refusées catégoriquement par la CGT. Celle dernière n’a-t-elle pas sombré dans le racisme en inventant la « corsification » des emplois ? Compte-tenu du poids de ce syndicat dans l’ensemble des entreprises et des administrations françaises, comment s’étonner que la France fonctionne si mal ? Dans son sillage, existent d’autres syndicats qui suivent plus ou moins la même radicalité comme FO et SUD. Or, au plan national, tous ces syndicats sont très loin d’être représentatifs du monde du travail, compte tenu du très faible taux de syndicalisation des salariés. On peut donc affirmer qu’une minorité impose sa volonté à la majorité. La démocratie en souffre.