La ministre de l’Écologie veut interdire les traitements phytosanitaires à moins de 200 mètres des écoles. Pour le président du CIVB, il faut d’abord en discuter
Publié le 22/05/2014 par Jean-Pierre Tamisier / http://www.sudouest.fr/2014/05/22/royal-et-le-recul-de-s-epandages-1562544-3227.phpSégolène Royal va annoncer "très prochainement" une interdiction des épandages de produits phytosanitaires "à moins de 200 mètres des écoles".© PHOTO ARCHIVES CLAUDE PETITEn fin de conférence de presse sur la Fête de l'environnement, mardi, Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, a indiqué qu'elle « annoncera prochainement », avec le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, une interdiction des épandages de produits phytosanitaires à moins de 200 mètres des écoles. Une déclaration en forme d'effet d'annonce et en lien avec les malaises ressentis, le 5 mai dernier, par une vingtaine d'enfants et des enseignants de l'école de Villeneuve-de-Blaye, à la suite de l'épandage d'un fongicide dans des vignes proches, un jour de vent très fort.Ceci posé, il reste à déterminer la faisabilité d'une telle mesure et les conséquences qu'elle aurait dans les zones agricoles en général et dans les zones viticoles en particulier.Pour Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), une discussion préalable à toute décision sera indispensable. « Que la viticulture change ses façons de faire, c'est une démarche de progrès utile, nécessaire, indispensable. En supposant que la bonne limite soit 200 mètres, il faudra regarder l'histoire des lieux concernés. Si les écoles sont arrivées avant les vignes, il faudra faire reculer celles-ci de 200 mètres. Logiquement, si les vignes étaient là avant, ce sont les écoles qui devront reculer. »Bernard Farges cultive l'ironie après les déclarations de la ministre de l'Écologie, « pour insister sur la nécessité d'avoir une vraie discussion ».Pour lui, ce dialogue ne peut se faire qu'en abordant la question de l'urbanisation, « puisque les territoires construits se sont rapprochés des territoires agricoles ».Dialogue nécessaire aussi pour faire comprendre la nécessité de traiter les vignes. « L'épandage de produits est indispensable (lire ci-dessous), déclare le président du CIVB. Dans des conditions et avec des pratiques différentes. Depuis longtemps, le CIVB a abordé cette question. Par exemple, tous les viticulteurs et leurs salariés bénéficient de formations pour bien utiliser les produits. Les pulvérisateurs font l'objet de contrôles réguliers. »Bernard Farges se dit conscient de l'attente de la société en matière de protection de l'environnement. « Elle se manifeste de plus en plus fort. Mais sur l'application des produits dans les vignes, des progrès importants ont été faits et nous poursuivons les efforts. »Sous l'impulsion du CIVB, plusieurs centaines de propriétés se sont engagées dans la procédure de management par l'environnement (SME) destinée à obtenir la certification ISO 14 001. « Cette démarche, qui prend en compte la question des produits phytosanitaires mais aussi bien d'autres aspects, a eu un effet de levier. Les pratiques en matière d'épandage ont beaucoup changé et continuent à évoluer. »Outre le système de management environnemental, Bernard Farges souligne que plusieurs voies ont conduit à faire progresser les choses. « La plus médiatisée est la certification en bio. Il y a aussi la démarche d'agriculture raisonnée qui a beaucoup contribué à améliorer les choses, comme la démarche HVE (Haute valeur environnementale. Certification issue du Grenelle de l'environnement). Des milliers d'hectares ont bénéficié et bénéficient des évolutions des pratiques induites par l'ensemble de ces démarches. Sur l'application des produits, on s'améliore très vite. Ces initiatives doivent être encouragées. »