À cet auteur en panne qui m’écrit : « Chaque matin, la seule pensée d’ouvrir mon ordinateur et de me
Tu prends tout à l’envers, camarade. Cesse de réfléchir ! Ce qui écrit en toi est beaucoup plus intelligent et créatif que toutes tes réflexions. C’est le fait même de t’asseoir devant l’écran et de faire aller très concrètement tes doigts sur le clavier qui résoudra tes problèmes d’écriture. Attendre d’avoir découvert « la solution » par des marches ou des méditations tourmentées est une ineptie. Ce sont les mots écrits pour vrai qui attirent les autres mots, ce sont les phrases qui attirent les phrases, les paragraphes qui engendrent les paragraphes, les chapitres, etc.
C’est en écrivant qu’on résout les problèmes d’écriture.
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Insomnie. Une bonne partie de la nuit à tourner et à retourner dans ma tête quelques passages des Remarques mêlées de Wittgenstein.
Notamment :
Si quelque chose est bon, alors c’est également divin. Voilà qui, étrangement, résume mon éthique.
Seul quelque chose de surnaturel peut exprimer le surnaturel.
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Je pourrais dire : Si le lieu auquel je veux parvenir ne pouvait être atteint qu’en montant sur une échelle, j’y renoncerais. Car là où je dois véritablement aller, là il faut qu’à proprement parler je sois.
Ce qui peut s’atteindre avec l’aide d’une échelle ne m’intéresse pas.
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C’est une grande tentation que de vouloir rendre l’esprit explicite.
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Le rapport entre un film d’aujourd’hui et un film d’autrefois est comme celui d’une automobile d’aujourd’hui avec une automobile d’il y a vingt-cinq ans. L’impression qu’il donne est tout aussi ridicule et inélégante, et l’amélioration du film correspond à une amélioration technique, comme celle de l’automobile. Elle ne correspond pas à l’amélioration – si l’on ose employer ce terme dans ce cas -d’un style d’art. Il doit en être tout à fait de même dans la musique de danse moderne. Une danse de jazz devrait donc se laisser améliorer comme un film. Ce qui distingue tous ces développements du devenir d’un style, c’est que l’esprit n’y a point part.
Malgré ses fulgurances, j’abandonne la lecture de ce livre pour la deuxième fois – je devrais écrire la seconde, car il n’y en aura pas de troisième. Je comprends ce qui ne va pas chez lui : il ne respire pas, donc il ne fait pas place à la musique – ni à la sienne ni à celle du lecteur. Pas d’atmosphère, pas d’empathie par où communiquer. Tout comme chez Agatha Christie dont je n’ai jamais pu terminer un seul roman.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon