La tendance a émergé sur le devant de la scène dès la fin de l'année dernière, lorsque le gestionnaire Eaglewood Capital a créé son premier fonds basé sur des prêts P2P (de « pair à pair »). Racheté depuis par le « hedge fund » Marshall Wace, ce dernier s'apprêterait désormais à lancer à Londres un nouveau fonds de 200 millions de livres sterling, toujours sur le même support. Il devrait être principalement destiné à des investisseurs institutionnels à la recherche de rémunérations importantes.
L'objectif des dirigeants de la société est tout naturellement de profiter des performances élevées des plates-formes de prêts-emprunts P2P telles que LendingClub aux États-Unis ou Zopa au Royaume-Uni, largement supérieures à celle des établissements de crédit traditionnels, grâce à leurs structures de coûts maîtrisées. Ainsi, ils envisagent de produire un rendement de 6 à 8% (distribué sous la forme d'un dividende trimestriel) en investissant, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, dans des prêts généralement rémunérés à des taux variant entre 5 et 15%.
Une telle initiative peut sembler contradictoire avec une certaine « philosophie » (communautaire) de la finance participative mais elle a au moins le mérite – après l'exemple donné par quelques banques et le gouvernement britannique – de crédibiliser le concept et de le rendre définitivement acceptable dans le paysage de la finance mondiale. Mieux encore, elle montre que, outre sa capacité à répondre aux besoins de financement que les banques ne savent pas traiter, le P2P lending peut aussi constituer une alternative efficace aux offres classiques…
Pour les plates-formes concernées et quoi que puissent en penser les puristes, l'investissement que leur apportera Marshall Wace (et probablement d'autres fonds à l'avenir) représentera également un moyen extraordinaire de développer leur activité, évidemment dépendante de la disponibilité de fonds à prêter. Dans un marché où les marges sont finalement peu élevées, il s'agit peut-être même d'une des meilleures solutions pour assurer la viabilité et la pérennité du modèle.
Information repérée grâce à INVEX (merci !)