Alors que le Comptoir Général accueillait Meet Your Start Up, le salon de rencontres entre étudiants et start-ups, j’ai rencontré Caroline Pailloux Wanecq, jeune entrepreneuse bourrée d’énergie qui a créé en décembre 2103 un Graduate Program pas comme les autres. Après 8 ans de conseil en Marketing et en Stratégie chez Capgemini Consulting, elle a été touchée par le virus de l’entrepreneuriat et a décidé de répondre de manière innovante à deux problématiques d’un coup : les enjeux de recrutement des startups d’une part, et les freins à l’entrepreneuriat chez les jeunes diplômés d’autre part.
Directement inspiré d’un programme américain, Venture for America, Ignition Program propose aux meilleurs diplômés des grandes écoles une expérience complète de 2 ans en start-up pour les préparer à la création d’entreprise.
Pour les étudiants, c’est la garantie d’accéder à de fortes responsabilités, à un puissant réseau d’entrepreneurs ainsi qu’à des formations pratiques ciblées sur le démarrage d’une activité (comme la méthode Lean Startup !).
Pour les entreprises, c’est un moyen « clé en main » de recevoir des renforts talentueux et ultra-motivés pour un coût allégé. L’ensemble du processus de recrutement (marketing, recherche, sélection rigoureuse et suivi) ainsi que l’animation du réseau sont pris en charge par Ignition Program. La clé du succès : une sélection aux petits oignons des candidats comme des entreprises pour permettre à une véritable relation de mentorat de s’installer.
Comment t’est venue l’idée de créer ce Graduate Program ?
Des amis entrepreneurs m’ont fait part de la difficulté qu’ils avaient à recruter ce que j’appelle des A-players, c’est à dire des personnes au très grand potentiel professionnel. D’un autre côté je voyais les jeunes recrues de mon cabinet de conseil être de plus en plus en quête de sens, de responsabilités, de réalisations concrètes. Je savais aussi que ces jeunes étaient entrés dans le conseil parce que c’est une voie d’excellence et balisée. Une voie que l’on prend pour continuer à apprendre, avec les meilleurs et sur le terrain. Il y a parmi ces jeunes des gens de talents qui ont choisi cette voie faute de trouver leur vocation. Ma conviction était que certains d’entre eux seraient d’excellents entrepreneurs si on leur balisait le chemin.
Ignition Program est en grande partie une histoire de valeurs : la mission que nous nous sommes donnés (nous sommes 2 à ce jour) est d’aiguiller par la transmission les meilleurs talents vers l’entrepreneuriat. Nous sommes convaincus que c’est par la création d’entreprises que la réussite des jeunes talents contribuera le mieux à la croissance de demain et à la création d’emplois. Etre entrepreneur, c’est toujours d’une certaine manière avoir envie de changer le monde !
Caroline Pailloux-Wanecq, fondatrice d'Ignition Program
Qu’est-ce qu’une expérience en start-up va apporter à un jeune diplômé ?
L’entrepreneuriat, tout le monde en parle. Mais en fait, tant qu’on y a pas touché dans la vraie vie, il est difficile de savoir ce que c’est vraiment et quel est le quotidien d’un entrepreneur. De l’intérêt de mettre les mains dans le cambouis et d’expérimenter en direct les joies et les suées d’une vie de start-uper ! Une chose est sûre, c’est que ce sera très différent du stage chez Monsieur CAC 40, et sans doute bien plus formateur, parce que dans une start-up, on n’a pas un seul job, mais dix. Sans compter que, chose rare dans une multinationale tentaculaire, un salarié d’une PME peut constater que son travail a un réel impact, et pas juste sur le nombre de pages d’une présentation Powerpoint. Il peut enfin passer de l’analyse à l’action, prendre des initiatives qui vont décider de l’orientation des activités futures, et mettre un peu de sa personnalité dans l’âme du projet.
Les jeunes diplômés qui s’orientent vers de grands groupes se retrouvent souvent dans un océan aux requins dans lequel ils ont du mal à nager. Beaucoup en ressortent assez désabusés. Dans une jeune entreprise innovante, la vision est tout autre : on voit beaucoup moins de querelles de pouvoir, et beaucoup plus de perspectives, de challenges et d’opportunités à saisir !
Dans les Grandes Ecoles, on vend aux étudiants le conseil, la finance et l’audit comme des « voies royales » pour apprendre à travailler et acquérir les bonnes méthodes. Sauf que ces structures importent de plus en plus les méthodes agiles des start-ups : A/B, Lean, Scrum, itération, etc… Dans une start-up, on n’a pas de temps à perdre : avoir une bonne méthode est vital.
Enfin, aux côtés d’un entrepreneur, un jeune diplômé apprend l’importance de faire sans attendre ce qui le passionne vraiment. C’est une leçon d’audace et de vie. C’est sur les opportunités d’aujourd’hui que se construit l’avenir de chacun.
Entreprendre, ça s’apprend ?
« Le génie c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration » : même citée des milliers de fois, cette phrase de Thomas Edison (un sacré entrepreneur) n’a jamais été aussi juste et applicable ! Donc en fait oui, attention au scoop : entreprendre ça s’apprend. En revanche, je ne pense pas que cela s’apprenne n’importe où : une start-up est sans aucun doute la meilleure école.
Ce que l’on y apprend, et c’est pour cela qu’une vraie expérience de deux ans n’est pas un luxe, ce sont des compétences, mais aussi la confiance en soi qu’il manque souvent aux jeunes générations pour entreprendre. C’est là qu’avoir un entrepreneur pour mentor est particulièrement précieux.