Childhood Home, de Ben et Ellen Harper

{Nicolas}

A l’occasion de la fête des mères, c’est l’occasion de parler de l’album qui colle le mieux avec l’esprit du Mother’s Day : Childhood Home, le dernier album de Ben Harper, en duo avec Ellen Harper, sa mère.

Après des années de tournée pharaonique albums après albums, Ben Harper semble privilégier les ambiances intimistes ces dernières années, et cela lui réussit très bien. Son album précédent, GetUp ! en duo avec le géant de l’harmonica Charlie Musselwhite, a récolté un Grammy Award.

Virtuose de la guitare, notamment les Weissenborn et les Lap-Steel, Ben Harper a en plus de 20 ans de carrière, brassé tous les genres de musique noire américaine. Sur Childhood Home, il privilégie le retour aux sources, un folk à l’ancienne, lorgnant vers le blues, le bluegrass et par moment, la country. On sent la chaleur de la maison familiale, le feu dans l’âtre, les enfants jouant à se balancer des boules de neige, et réunis à côté de la cheminée une mère, chanteuse folk à la voix magnifique et son célèbre fils qui chantent de concert. Dès la première note, Childhood Home a ce côté rassurant. A House Is A Home résonne de l’amour d’une famille pour leur maison, leur foyer. Born to Love You est une magnifique chanson sur l’amour unissant le duo, un lien unique entre une mère et son fils.

Heavyhearted World est joué dans un registre plus triste. Farmer’s Daughtersonne au début plus country, l’Amérique rurale le banjo en bandouilière, avant une confrontation avec une guitare plus blues et le jeu si caractéristique de Ben Harper. Altar of Love lui aussi retrouve cette ambiance à l’ancienne. Au fil de l’album, on se prend par moments à penser au bluegrass de la BO d’O’Brother, ou le folk mélancolique de la BO d’Inside Llewyn Davis.

On s’imagine dans le lieu d’enregistrement, le Folk Music Center and Museum fondé par les grands-parents de Ben Harper et dirigé par Ellen, magasin de musique dans lequel des artistes comme le grand RyCooder, en pleine ascension alors, avaient leurs habitudes. On sent d’ailleurs l’empreinte de ce dernier dans le jeu de guitare si particulier de Ben Harper.  A l’écoute d’Ellen Harper, multi-instrumentiste de talent et auteur ici de quatre des dix chansons, on devine aisément le don artistique qu’elle a transmis à son fils.

Partisan d’un métissage musical sans limite, mélangeant blues et bossa nova pour son duo avec Vanessa Da Mata, furieusement rock sur Faded, créateur d’un des hymnes de la culture skate (Ground on Down et son intro culte), lorgnant sur le reggae avec With My Own Two Hands, Ben Harper n’a jamais renié son amour pour le blues et la folk, comme en atteste ses plus beaux titres, ou ses albums avec les Blind Boys of Alabama ou Charlie Musselwhite. Son goût pour les ambiances chaleureuses des albums aux allures de jam sessions, on le retrouve également sur le très bel album de Fistful Of Mercy, son trio avec Dhani Harrison (fils du célèbre Georges) et Joseph Arthur. Ben Harper continue sur cette lancée et signe un album sincère, émouvant, et sans fioritures avec sa plus belle partenaire, l’auteur de ses jours. Au-delà de retour aux sources, on peut parler de retour au bercail.

@Nicolas