Still│soif de campagne

Publié le 21 mai 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Nul n’oserait comparer une vache à un chat. Personne ? Ce n’est pas l’avis d’Uschi, paysanne bavaroise frisant la vingtaine, convaincue que les bovins sont de merveilleux animaux de compagnie. Exilée au milieu des chèvres et de la faune, la jeune femme aux cheveux blonds est filmée à plusieurs reprises par Matti Bauer, les séquences s’étalant sur une décennie.

Du fromage frais et du lait. À peu de choses près, c’est ce à quoi se résume la vie d’Uschi, qui a fait le choix de partir travailler un an dans une ferme en compagnie exclusive de femmes. Filmé en noir et blanc par Matti Bauer, ce documentaire retrace 10 ans de la vie de cette paysanne, amoureuse des animaux de la campagne bavaroise. Chaque jour, elle trait les vaches et s’occupe des chèvres, coiffée d’un foulard aux couleurs claires. Originaire d’une famille de fermiers, la vingtenaire n’a pas de mal à s’atteler à la tâche.

Subtiles et étirées, les images parfois silencieuses ne nécessitent pas de paroles pour faire passer un message aux spectateurs, souvent pris par le rire. Passant en douceur par toutes les saisons, les paysages apparaissent naturels et frais, en harmonie avec les quelques animaux qui y sont élevés.

Épuré, ce film tire son originalité du fait qu’il projette à l’écran l’évolution d’Uschi, à la fois sur le plan professionnel que personnel. Tombée enceinte d’un ex compagnon absent, la jeune femme décide d’élever seule son enfant, Jakob, que le public voit grandir à l’écran. C’est la raison pour laquelle elle retourne auprès de ses parents, poursuivant la routine qui l’anime depuis toujours. Monotonie quotidienne bientôt bousculée par l’arrivée d’un jeune homme, qui va devenir le père de son deuxième enfant…

L’intérêt de ce long-métrage à l’humour fin est d’ouvrir les yeux sur une réalité à laquelle on ne prête pas nécessairement attention : l’évolution des mentalités et l’exode rural… Même la jeune femme finit par avoir un nouveau regard sur sa raison de vivre et s’aperçoit qu’elle souhaiterait changer d’air. Immergés au sein du quotidien d’Uschi, on s’aperçoit que même la plus têtue des mules peut changer d’avis sur sa vision de la vie.