En 2002, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et ses partenaires reconnaissaient les personnes aînées comme étant un groupe à risque de développer des problèmes de jeu (MSSS, 2002). Le MSSS initiait en 2008 avec le Fonds de recherche du Québec – Société et culture et plusieurs partenaires, un programme de recherche portant sur les aînés et les jeux de hasard et d'argent (JHA). Le projet de recherche intitulé « L'offre organisée de jeux de hasard et d'argent aux aînés : responsabilité sociale, gouvernance et prévention » a été réalisé dans le cadre de ce programme.
Le présent rapport correspond à l'un des volets de ce projet de recherche qui visait à explorer les caractéristiques des joueurs aînés reçus en traitement et la prévention s'adressant aux aînés. Le portrait, ainsi dressé par les répondants, n'est pas représentatif de l'ensemble des joueurs aînés, puisqu'il correspond à celui de joueurs se trouvant à l'extrémité du spectre de gravité des problèmes de jeu. Toutefois, cette description de joueurs problématiques met en relief certains facteurs de risque ainsi que le pouvoir attractif de l'offre de jeu auquel peut être exposé l'ensemble des aînés.
Le passage à la retraite et le vieillissement imposent plusieurs changements positifs ou négatifs, qui exigent une adaptation. L'abondance de temps libre, l'absence de loisir favori ou de raison d'être ou encore la diminution du réseau social peuvent s'avérer des facteurs de risque pour les problèmes de jeu. Nos résultats nous apprennent que le jeu, qu'il soit découvert tardivement ou ancré dans les habitudes de vie, répond à un grand nombre de besoins vécus par les personnes aînées : besoin d'occupation, de valorisation, de socialisation, de divertissement, besoin d'activités accessibles, besoin de sécurité financière, etc. Les sorties de groupe organisées vers un casino répondent point par point à ces besoins, mais semblent parfois constituer l'amorce du problème de jeu.
Les personnes âgées ne se distinguent pas du reste de la population en termes de prévalence des problèmes de jeu. Cependant, la perte des biens ou des épargnes accumulés est davantage irréversible puisqu'ils ne travaillent plus et ne peuvent « se refaire ». La capacité de récupérer des complications de santé physique, de la détresse psychologique ou des pertes sociales engendrées par les problèmes de jeu semble aussi plus précaire.
Les aînés semblent réticents à chercher de l'aide, mais les intervenants ont toutefois développé des savoir-faire spécifiques et fait des ajustements au traitement qui leur est destiné : l'adaptation du volet cognitif, un travail accru sur les aspects sociaux et financiers des impacts du jeu, l'adoption d'exemples en fonction des réalités des aînés où l'accent se porte sur la gestion du temps libre semblent devoir mieux convenir à cette clientèle.
Les problèmes de jeu chez les aînés se sont révélés être un phénomène peu connu, tabou, et même parfois inconcevable, ce qui pose des défis de dépistage et de prévention. En raison du poids démographique des aînés, de l'évolution de l'offre de jeu, de l'adoption du jeu en ligne et des caractéristiques des jeunes et futurs retraités, qui auront été socialisés à une époque où il ne restait plus d'interdits face aux JHA, cette problématique pourrait croître. Les intervenants proposent plusieurs pistes de prévention : une sensibilisation médiatique ciblée, soutenue par des porte-paroles auxquels les aînés peuvent s'identifier, relayés dans leurs milieux de vie. L'offre de voyages au casino est très alléchante et vient possiblement entraver la diversification de l'offre de loisirs destinée aux aînés : on propose aussi que des alternatives abordables et diversifiées soient rendues disponibles et que l'offre de jeu et de promotions soit davantage encadrée.
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Publié le 21 mai 2014, N° INSPQ : 1803