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Godzilla, de Gareth Edwards

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

note : 2,5/5 

Après le très beau Monsters (2010), on attendait de Gareth Edwards qu’il réussisse à faire renaître de la plus belle des manières l’un des monstres les plus mythiques du cinéma. Or, dans ce film, il y a le pire que l’on redoutait, mais aussi le meilleur que l’on espérait.

© warner bros france

© warner bros france

Drôle de film, donc, que ce Godzilla qui joue allègrement avec tous les codes du genre en les contournant ou en les utilisant à son avantage, mais aussi en se laissant souvent plombé par eux. Fort de l’expérience Monsters, à la limite du « cinéma guérilla » (très peu de moyens et un maximum de bricolage et de libertés), Gareth Edwards reprend la cuisine du film de monstre à la sauce de l’industrie hollywoodienne, et se laisse malheureusement un peu croquer par celle-ci.

Ainsi, comme tout film de monstre qui se respecte, il y a les deux figures secondaires du militaire et du scientifique qui se côtoient, travaillent ensemble et essayent de s’apprivoiser. Très vite l’Amiral Stenz et le docteur Serizawa, si leur duo ne fonctionne pas du tout, se transforment en caricatures, véritables archétypes de leurs fonctions scénaristiques. Leurs dialogues se résument simplement à des punchlines mal venues et vite agaçantes tant elles commentent l’action, tant elles ne participent pas au développement du film. Et il est bien malheureux, de la part du réalisateur, de placer la genèse japonaise de la peur de l’atome, qui a fondé la franchise « Godzilla », entre les mains de l’acteur japonais Ken Watanabe, qui agace toujours plus, au fur et à mesure que le film avance, par son mysticisme ahuri ridicule.

Sur le terrain, notre héros principal, Ford Brody est lui aussi un archétype, souvent même la caricature du héros indestructible. Mais reconnaissons à Gareth Edwards une idée sympathique durant le combat final entre Godzilla et les deux méchants MUTO. Cette idée, c’est de démontrer clairement que Brody et Godzilla sont des alter ego qui, sans l’aide de l’autre, n’auraient pu combattre efficacement. Ainsi le réalisateur respecte la figure du héros absolu, tout en justifiant sa force quasi-surnaturelle. Le réalisateur reprend d’ailleurs ici l’une des plus belles idées de son précédent film : mettre en parallèle l’accouplement en grande pompe des monstres alors que les deux personnages du film prennent conscience de leur histoire d’amour naissante. 

© Toho Co.Ltd

© Toho Co.Ltd

Mais au-delà du traitement des personnages, joués par des acteurs sans réelles qualités (heureusement que Bryan Cranston, qui joue le père de Ford Brody, est là pour relever le niveau), c’est sur la forme, notamment celle du combat final de San Francisco, que Gareth Edwards signe la grande réussite du film. Le saut en parachute des militaires, qui doivent empêcher une bombe nucléaire de sauter, présente d’une belle manière la ville comme un véritable ring dans lequel l’homme n’a plus sa place et doit laisser son destin entre les mâchoires de Godzilla. Graphiquement, le combat est superbe, et il semble que Gareth Edwards essaye de sauver son film du cliché habituel du film-de-monstre.

Malheureusement, la forme ne suffit pas à relever pleinement le défi. Des rumeurs circulent annonçant qu’un deuxième opus serait déjà en préparation. Espérons que Gareth Edwards tire les leçons du premier.

Simon Bracquemart

Film en salles depuis le 14 mai 2014.


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