Celui qui emmène avec lui ses habitudes, ses manies et ses préjugés ne voyage pas, il se déplace.
Ainsi parlait, Alexandra David-Neel, grande voyageuse du début du 20ème. Tendre comme les pierres se veut un hymne au voyage.
J’ai découvert Pétra en octobre 1988. J’ai visité le site pendant trois jours en compagnie de deux couples français et suisses, rencontrés par hasard. Durant ces trois jours, nous n’avons pas croisé d’autres touristes. Seulement des Bédouins. Ils vivaient encore sur place, y élevaient leurs chèvres et leurs moutons. Ils n’avaient pas de bibelots à nous vendre, pas de tours en carriole ou à dos de mule à nous marchander, rien que du thé à nous offrir. Gratuitement. Pour le simple plaisir de nous recevoir et d’échanger quelques mots dans un anglais rudimentaire.
Aujourd’hui, cette Pétra-là n’existe plus. Des milliers de touristes venus du monde entier visitent chaque jour le site. Certains sont d’authentiques routards et savent prendre encore le temps de l’imprévu et de la rencontre. Mais les plus nombreux descendent de bus climatisés et arpentent le site au pas de course. Ils n’ont qu’une journée, veulent voir l’essentiel, prendre quelques photos, faire un petit tour en chameau et rapporter un souvenir, made in Taïwan pour la plupart.
Le tourisme de masse est une facette parmi d’autres de la mondialisation avec ses bons et ses mauvais côtés. Tendre comme les pierres n’est pas une charge contre ce tourisme, il tente simplement d’interpeller sur l’art et la manière de voyager, oui voyager c’est encore possible, pas simplement se déplacer.
Nous sommes tous à la fois victimes et assassins, qui ne comprend pas ça, ne comprend rien du tout – Naguib Mahfouz
Tendre comme les pierres n’est pas tout à fait un roman policier, c’est un hybride mi-polar mi-aventure. Il y a certes une intrigue, du suspens, un mystère mais pas de cadavres, aucun tueur en série, pas de ruelles sombres ni de recoins glauques. Le soleil y réchauffe les cœurs et y brûle les âmes. A la fin, vous ne saurez pas qui sont les salauds car de salauds il n’y en a pas ! Seulement des hommes – bons ou méchants selon le point de vue que l’on adopte -, des êtres humains, à la fois durs et tendres comme l’est la pierre en Jordanie.
Les proverbes sont les flambeaux qui illuminent un discours – proverbe arabe
Tous les chapitres de ce livre s’ouvrent sur un proverbe ou une citation d’un écrivain arabe. J’espère qu’ils seront perçus par le lecteur comme des bulles de parfums qui éclateraient lorsqu’on ouvre les pages. Ici la sauge, le musc ou la cardamone, là le sable chaud, la pierre froide, la nuit et la peur, pour mieux ressentir l’âme d’un peuple et d’un pays.
Le paradis sur terre se trouve entre les seins d’une femme, sur le dos d’un cheval ou dans les pages d’un livre – proverbe arabe
Pour les deux premières propositions, désolé, je ne peux pas grand-chose. Pour la troisième en revanche, j’espère que vous trouverez dans mes pages si ce n’est le bonheur, au moins du plaisir.
Bonne lecture,
Bon voyage…