genre: science fiction
Année: 1974
Durée: 1h30
l'histoire: Un jeune homme et son chien télépathe cherchent à survivre dans un monde dévasté et hostile.
La critique d'Alice In Oliver:
A partir de la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 80, le genre "fin du monde" et/ou post-apocalyptique triomphe au cinéma via des productions souvent très pessimistes. On ne cite plus les références d'un genre revisité jusqu'à la moëlle, entre autres, Mad Max, Soleil Vert et la première version de La Planète des Singes, avec Charlton Heston.
Beaucoup de séries B tenteront d'imiter les films précédemment cités, avec plus ou moins de succès et/ou de réussite. Au hasard, nous citerons Les Traqués de l'an 2000, Le Dernier Combat et les nombreux ersatz de Mad Max (2019 après la chute de New York, Les Nouveaux Barbares ou encore 2020 Texas Gladiators).
Même Bruno Mattei s'attélera à la tâche avec Les Rats de Manhattan, une série Z à la sauce nanarde ! A priori, Apocalypse 2024, réalisé par L.Q. Jones en 1974, n'a aucune chance de convaincre et de séduire un large public. Premièrement, Apocalypse 2024 est un film fauché produit avec trois francs six sous. Ensuite, le synopsis est pour le moins idiot, tout du moins en apparence.
Attention, SPOILERS ! Suite à une guerre nucléaire, le monde a été détruit. Parmi les survivants, il y a Vic et son chien Blood qui peuvent communiquer par télépathie, et qui tentent de survivre en milieu hostile.
Il est donc question ici d'un héros solitaire, Vic, qui a la capacité de communiquer avec son clébard. Evidemment, à la lecture de ce résumé, Apocalypse 2024 ressemble à un nouveau nanar de science fiction. Pourtant, cette curiosité du genre est tout simplement un petit chef d'oeuvre et une grande réussite. Le récit est assez peu bavard sur les conditions qui ont amené l'humanité à sa propre perte. Toutefois, on nous parle brièvement d'une troisième guerre mondiale et même d'une quatrième guerre mondiale. Pourtant, très vite, L.Q. Jones abandonne le côté post-apocalyptique pour se concentrer sur le voyage initiatique d'un jeune homme et de son chien.
Le film se divise alors en trois parties très distinctes. La première se concentre sur le quotidien de Vic et de son chien de compagnie. Ensemble, nos deux compères tentent de survivre dans un désert austère où la violence et la loi du plus fort règnent en maître.
La première partie du film est donc de facture classique. Dans la seconde partie, nos deux héros doivent défendre une belle jeune femme menacée par des voyous de passage. Eperdument amoureux de cette jolie demoiselle, Vic va alors pénétrer dans un monde étrange, qui semble se situer sous le désert.
C'est la troisième partie du film et aussi la plus intéressante. A partir de là, bienvenue dans une vision très personnelle d'Alice au Pays des Merveilles. Toutefois, ce nouveau territoire n'a rien d'idyllique. Pourtant, ce nouveau monde souterrain est peuplé de clowns et d'une nouvelle civilisation humaine qui tente de renaître de ses cendres en secret.
L.Q. Jones en profite alors pour égratigner notre société moderne et ses normes dominées par les principes, la bureaucratie et la religion.
Alors qu'il s'attendait à trouver un nouvel Eden, Vic se retrouve en plein cauchemar orwellien. Le voilà à nouveau en train de fuir. Pour ce jeune homme, que choisir ? Revenir à la surface au milieu des voyous ? Ou rester dans cet univers souterrain ?
L'air de rien, Apocalypse 2024 est un film beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Il s'agit d'une oeuvre contemplative et particulièrement pessimiste dans laquelle la femme, symbole de la procréation et de la renaissance, joue un rôle prépondérant.
Le voyage initiatique de Vic n'est pas sans rappeler celui de Candide, le célèbre conte philosophique de Voltaire. En l'occurrence, L.Q. Jones revisite le mythe de Candide à sa propre sauce via un humour noir et féroce. Curieux que Apocalypse 2024 soit aussi méconnu.
En l'état, Apocalypse 2024 reste tout simplement l'un des meilleurs films du genre. Le long-métrage étonne sans cesse par son audace et son insolence.
note: 16.5/20