Chronique « Alexandre-L’épopée (T1) » : Dans l’ombre d’un géant…
Scénario de Michael Le Galli & David Chauvel, dessin de Gildas Java
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : Péplum Paru chez Glénat, le 21 mai 2014
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L’histoire
-336 av J.C. Pella, capitale du royaume de Macédoine. Le roi Philippe vient de mourir et le jeune et ambitieux prince Alexandre s’apprête à lui succéder. Méléagre, un ancien commandant veille sur Pyrrhus et Eurydice, les enfants légitimes du général Alkimaklo, déshérites par leur marâtre.
Pour récupérer titres et terres, la « divine » Eurydice est devenue une des favorites d’Alexandre.
Après avoir assisté au triomphe du jeune roi, la cour se retrouve dans les appartements du roi. Frère et soeur y tiennent tout deux une place de choix dans le coeur du souverain. Mais les plaisirs sont brefs, car Alexandre se prépare à partir avec son armée s’assurer de la reconduction des élégances anciennes.
Pour la plèbe, c’est aussi un moment de fête. Dans une taverne, Arkanos, un ancien soldat se bat avec un homme qui a des vues sur Apamée, une putain dont il est amoureux. Sauvé inextremis des griffes de son souteneur par Méléagre, il s’engage en tant qu’homme de mains…
Ce que j’en pense
Vous, je ne sais pas, mais moi, j’ai toujours aimé les Péplums. Au cinéma, je suis plus intéressé par l’ambiance de « Spartacus », « Ben-Hur », « Gladiator et « Agora » que de « 300″. Le mélange d’histoire antique (le berceau de notre civilisation), de personnages réels, de pure fiction et de grands spectacles m’a toujours fasciné.
rs, avec ce premier tome de « Alexandre, l’épopée », David Chauvel, Michael Le Galli et Gildas Java avaient toutes leurs chances.
La bonne nouvelle, c’est que le pari est réussi : mélanger intimement une grosse documentation et des arcs narratifs de pure fiction, basé sur des personnages solides et denses. Et tout ça, sans oublier le souffle épique, digne de cette époque haute en couleur, ou armes et boucliers s’entrechoquaient sur des champs de batailles titanesques.
Luttes de pouvoirs
Il serait réducteur d’enfermer « Alexandre l’épopée » dans le genre « Péplum ». Dans ce premier tome, Chauvel et Le Galli exposent de nombreux personnages. Nous suivons entre autre, dans les hautes sphères Aléxandre, Pyrrhus et Eurydice et dans les plus modestes, Méléagre et Arkanos. Dans ce jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs, chaque personnage cherche sa place pour survivre et si possible anéantir ceux qui pourraient lui nuire. Ce récit chorale aux multiples ramifications s’apparente à « Games of Thrones », à la sauce grecquo-macédonienne dans sa construction. Heureusement, avec Chauvel et Le Galli, pas de Salade (grecque.. oh, elle est nulle celle-là), mais un récit complexe, osé et sans concession.
Enfin, pour les références, je n’oublierais pas la très belle série Rome de HBO, qui mélange aussi habilement petits et grands destins (Jules César et de simples soldats).
Le risque d’un album aussi audacieux et documenté (accrochez-vous, les noms et termes sont grecques et très précis), c’est de perdre son lecteur. Pour éviter cela, lisez l’album avec beaucoup d’attention et d’une seule traite. Le risque est bien présent…
Le dessin
Gildas Java est un jeune dessinateur breton qui a fait ses armes aux éditions Déméter (La IIe rédemption). Avec cet album, il montre toute la maturité de son travail. Son trait classique n’a rien à envier aux plus grands. Aussi à l’aise dans les scènes intimistes que dans les scènes de combats complexes (apprécier au passage les pages de garde), Gildas nous offre un dessin de toute beauté. Il alterne composition classique (3 ou 4 bandes) et mise en page plus éclatée, plus moderne.
Dans des décors très étudiés et réalistes (superbes, les vues de villes) il compose des foules vivantes et bigarrées. Difficile de juger du niveau de réalisme de la reconstitution (je ne suis pas un spécialiste de l’histoire de l’art à cette époque) mais la crédibilité est là ! Ce qui est sûu, c’est que Gildas transcende le récit.
Pour tout dire, je suis bluffé par sa virtuosité de ce jeune auteur prometteur.
Les couleurs, réalisées par le “Custom Art Studio” et Gildas Java, sont assez réussies. Volumes et lumières sont détaillées et précises et animent bien les ambiances. Reste un peu de froideur dans cette mise en couleur numérique…
Pour résumer
Avec ce premier tome, David Chauvel, Michael le Galli et Gidas Java ont décidé de vous entraîner dans l’époque terrible et superbe d’Alexandre le grand. Entre fantasmes et faits historiques, ils nous offrent un récit documenté, audacieux et magnifique, digne d’un grand, un très grand péplum hollywoodien. Vivement la suite pour vérifier s’ils tiendront toutes leurs promesses !
NB : pour prolonger le plaisir, l’édition bénéficie de 8 pages d’appendices qui présentent les recherches graphiques de Gildas, une carte de l’empire et un bon gros lexique.