Et sur leurs lèvres comme pour des gamins rit
la farce, l’ennui et l’angoisse. L’ennui, la farce !
L’horrible broyage du grain parmi des épis morts. Et
les prisons qui se font toujours plus tranquilles :
la mer est bombardement d’insectes la lune est réveil
des canons à l’aube. La rancœur qui surveille
quand tu dors, en des rêves très amers. Tes rêves
sont fumée ! Fumée ! Et si tu ruines fierté comme
rêve pour un mouvement du corps : hurle mais plus
dans la nuit : hurle mais plus dans le jour ou
le petit matin, - hurle dans le sommeil, hurle dans la
brèche ouverte par ton abandon ! hurle dans tout le poids
de la magnificence
E sulle loro labbra come per ragazzi ride
la beffa, la noia e l’angoscia. La noia, la beffa !
L’orrendo macinare grano tra spighe smorte. E
le prigoni che si fanno sempre più tranquille:
il mare è bombardamento d’insetti la luna è risveglio
dei cannoni all’alba. Il rancore che sorveglia
il tuo dormire, in amarissimi sogni. I tuoi sogni
sono fumo ! Sono fumo ! E se rovini fierezza e
sogno con un movimento del corpo : urla non più
nella note , urla non più nel giorno o nella
prima mattina, - urla nel sonno, urla nella breccia
apertasi al tuo distacco ! urla in tutto il peso
della magnificenza.
Retirer les anges anciens de leurs piédestaux
de la pitié, retirer les anges anciens de
leur piédestal de la fierté, et tout balancer
à la mer. Retirer les anges anciens qui avec
leurs préjugés s’accrochent à mes jupons ;
retirer toute espèce de lâcheté ; retirer tout
repentir, retirer la fiérité et la pitié :
retirer jusqu’au vent qui s’accroche à
ta plénitude. Manger, dormir, rêver : ne pas
prendre de somnifères. Manger, dormir, rêver
et oser : retirer l’ancienne lâcheté, retirer
les bandages des soldats des statues couronnées
des jardins : retirer la pitié et le sang et
la fierté. Septembre a entrebâillé ses portes
sonores, l’humilité y entre par un soleil glacé.
Rimuovere gli antichi angioli dai loro piedestalli
della piétà, rimuovere gli antichi angioli dal
loro piedestallo della fiertà, e buttar tutto
in mare. Rimuovere gli antichi angioli che con
il pregiudizio s’attaccano alle mie gonnelle ;
rimuovere ogni sorta di viltà : rimuovere ogni
pentimento : rimuovere la fierezza et la pietà :
rimuovere perfino il vento se s’attacca alla
tua pienezza. Mangiare, dormire, sognare : non
prendere sonniferi. Mangiare, dormire, sognare
et osare : rimuovere l’antica viltà, rimuovere
le bende dei soldati dalle statue incoronate
dei giardini : rimuovere la pietà il sangue e
la fiertà. Settembre ha schiuso le sue porte
sonore, e l’umiltà v’entra per un sole agghiacciato.
Amelia Rosselli, La Libellule, traduction Marie Fabre, édition bilingue, Ypsilon Editeur, 2014, pp. 28-29 & 42-43
Amelia Rosselli dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, ext. 2,