Festival de Cannes, jour 6 : Ne retiens pas tes larmes

Publié le 21 mai 2014 par Wtfru @romain_wtfru

Nous sommes le lundi 19 mai, nous sommes encore à Cannes et les journalistes doivent se taper Foxcatcher de Bennett Miller, qui est apparemment ennuyeux à crever et cliché comme jamais avant de se casser les dents sur la hype Maps to the Stars de David Cronenberg, qui se trouve être un sous-Mulholland Drive (attention, tout ceci ne sont que des échos).

SONNY CROCKEEEEEEETT (et Dexter Morgan)

Personnellement, on va commencer la journée par le film Cold in July, réalisé par Jim Mickle (We Are What We Are), un thriller très noir avec un casting plutôt alléchant : Michael C. Hall, Vinessa Shaw, Sam Shepard, Wyatt Russell et surtout l’immense Don Johnson. Adapté d’un roman de Joe R. Lansdale, Cold in July, situé dans le Texas des années 90 conte l’histoire d’un homme marié qui tue un homme qui s’était infiltré chez lui, en légitime défense. Il se retrouve alors embringué dans une histoire improbable avec des repris de justice et des détectives privés cowboys tarés, sans oublier un petit soupçon de snuff movie. Le film démarre plutôt lentement avant de prendre sa vitesse de croisière avec l’arrivée de Don Johnson, absolument exceptionnel, qui apporte un second degré bienvenue à un film qui était un peu trop sérieux. La dernière demi-heure est un monument de carnage gun-blazing comme on en verra rarement à Cannes. Michael C. Hall et Sam Shepard parviennent à exister aux côtés de Don Johnson et la musique du film est plutôt sympathique. Mais clairement, Cold in July est un peu trop long pour réellement convaincre jusqu’au bout. Il en reste un des meilleurs films de cette quinzaine. La projection se conclut par une intervention de Jim Mickle, Michael C. Hall et surtout DON FUCKIN JOHNSON, monsieur Sonny Crockett, où les mecs montrent une humilité et une bonne humeur assez sympathique. Bravo à eux.

Chaz Ebert et Steve James pour Life Itself

On enchaîne très vite avec Life Itself, documentaire d’un des fers de lance du genre, Steve James, sur la vie de Roger Ebert, le légendaire critique du Chicago Sun-Times qui a démocratisé la critique cinéma, de par son show TV avec Gene Siskel, son talent pour écrire des critiques aussi intelligibles que complexes, son amour du cinéma, son respect total des cinéastes, même si les films ne sont pas bons. Avant le documentaire, l’émotion est palpable avec l’arrivée de Chaz Ebert sur scène prête à fondre en larmes dès qu’on évoque Roger Ebert. Le film est absolument génial, un véritable documentaire comme on les aime, avec les faces d’ombres non dissimulées et une vraie tendresse pour le personnage. Le film est très dur aussi, surtout quand il s’attarde sur l’état d’Ebert à la fin de saison, après son ablation de la mâchoire et son incapacité à marcher. Mais le plus dur était à venir. Au bout d’une heure trente, le film coupe sec. Panne dans la cabine du projectionniste, vide. Non, nous ne sommes pas dans La Cité de la Peur, nous sommes juste témoins de l’incompétence de certains employés. Steve James et Chaz Ebert en profitent pour improviser une séquence de Q & A mais le cœur n’y est pas vraiment et les deux ne peuvent réellement retenir leurs larmes. Nous non plus. Beaucoup de spectateurs quittent la salle, parce qu’ils ne peuvent pas attendre (les plannings sont serrés) ou ne veulent pas. Mais toujours est-il qu’on finit la séance à 50, avec Daniel Brühl, notamment. L’ovation à la fin du film (qui reprit 20 min après la panne) fut impressionnante, presqu’autant que pour Kkeut-Kka-Ji Gan-Da. Life Itself est probablement mon plus beau moment du Festival.

Booba, sur ses quelques secondes de passage

On enchaîne directement avec une soirée cannoise, organisée par une compagnie dont on taira le nom, sur une plage dont on taira aussi le nom (je tiens à travailler dans cette industrie, messieurs dames). Au lieu d’une réelle fête, on tombe sur des candidates de TV-Réalité en quête de bon coup, des gens haut placés torchés comme des coings habillés comme des clampins et un boxeur très sympa qui a participé à la Ferme Célébrités. Le rhum n’étant qu’en trop petite quantité, c’est le moment de tenter un autre endroit. Ce fut le VIP Room. On croise toujours plus de candidats de TV-Réalité, le S-Crew posé au fond de la boîte comme les lascars qu’ils rêvent d’être et Booba qui passe pour le plus grand des tocards, montant sur scène pour quelques minutes vu que son DJ semblait être incapable de passer les bons sons au bon moment. Un moment sympathique mais assez vain. Surtout quand on paye une vodka-Red Bull à 25€. Heureusement, j’exècre la vodka.

Demain, on va se calmer un peu, on commence un peu à fatiguer. Il y a une séance de Whiplash de Damien Gazelle avec à 12h00 à la Quinzaine des Réalisateurs avant que je puisse enfin faire un tapis rouge du soir pour mon dernier soir, pour un film hors compétition, Gui Lai de Zhang Yimou, ce qui me met vraiment en joie.