C’est l’un de vos commentaires qui m’a faite réfléchir à ce billet. Quid de l’achat revente comme mode de gestion de sa garde-robe ?
Blazer : Massimo Dutti (very old) – Tee : Petit-Bateau – Jeans : JBrand – Belt & Boots : Isabel Marant here & here – Bag : Chanel
On voit fleurir des vide-dressings presque sur tous les blogs mode et autres comptes Instagram. En soi, c’est une bonne chose, car cela permet de faire tourner ce que l’on ne porte plus et ajoute un peu de beurre dans les épinards pour investir dans d’autres pièces. J’ai d’ailleurs loupé tout récemment une jolie blouse Isabel Marant par respect pour mes engagements budgétaires du mois d’avril. Là, j’entends mon mari s’étouffer tant ce qu’il lit lui paraît incroyable !
Mais parfois, cela peut effectivement donner le tournis tant la rotation est rapide. Les erreurs d’achat, ça existe. Le mieux est alors effectivement de rendre à la boutique si cela est encore possible ou bien alors de revendre ou même encore, de donner.
Mais quand on achète pour revendre aussitôt, où passe le plaisir de porter, de vivre ses vêtements ? N’est-ce pas agréable de se glisser le matin dans sa chemise préférée, usée peut-être mais si douce au toucher et pleine de souvenirs ?
Je sais, cela peut paraître étonnant alors que je me dis non attachée aux objets, mais je vis une véritable histoire avec certains de mes habits. Tenez, mon vieux trench Burberry, dont je me suis malheureusement séparée après 12 années de bons et loyaux services. J’évoque cette rupture ici d’ailleurs.
Ou bien encore, une robe portefeuille Diane Von Furstenberg, achetée avec mon amoureux en 2005 au Bon Marché. Même si je ne la mets pas souvent, je ne pourrais la vendre ou même m’en séparer, sauf absolue nécessité (du genre, pour nourrir mes enfants et encore, ils sont presque en âge de travailler ces deux-là
J’ai d’autres exemples sur des chemisiers, des bottes, des tee-shirts même.
Toutes ces pièces ont partagé une histoire avec moi, elles ont suivi mes changements d’appartements, de pays, de silhouette, de goûts. J’aime cette sensation.
Le vide-dressing est-il LA solution pour correctement gérer sa garde-robe ? Parce que, en réalité, les pièces qui partent le plus vite sont celles de la saison en cours puis viennent celles de la saison précédente. Le reste s’écoule bien plus lentement voire même pas du tout. Ne garder que 6 mois une pièce que j’aurais choisie avec attention ne m’intéresse pas du tout ni ne me procure de satisfaction. Serais-je insensible à ce plaisir d’acheter pour immédiatement (ou presque) revendre ? Pourtant, je veux bien croire que cela soit jouissif de se dire que l’on va vite récupérer de l’argent pour s’acheter de nouvelles choses. Mais c’est un coït bien fugace.
Vous accepteriez un coup aussi rapide avec un amant d’un soir ? C’est un peu l’image que je me fais de l’entrée-sortie d’un vêtement dans une penderie. Quitte à tromper, autant le faire correctement, non ? Pas en courant ou en se cachant. Faire venir un nouveau venu dans notre penderie, cela peut créer des jalousies. Les pièces qui nous connaissent, qui savent que nous ne les jetterons pas comme de vulgaires kleenex après seulement quelques semaines d’usage se poseront des questions et devront se mettre sur leur trente et un pour nous séduire, encore et encore. Cela créé de l’émulation plus que de la compétition. Et c’est sain ! Si nous revendons trop vite cette petite nouveauté, nous ne ferons que dire à nos anciens habits qu’ils ont gagné. Qu’ils n’ont pas besoin de s’inquiéter. Ou bien alors si ! Dès que l’amour aura disparu, nous les revendrons ou pire, nous les jetterons, eux aussi, tels de vulgaires objets devenus inutiles à vos yeux.
Ni tendresse ni souvenir. Brrr… J’en frissonne d’effroi.
Pour illustrer ce billet, je porte un blazer « oldie but goodie » qui n’a plus de valeur qu’à mes yeux. Mais n’est-ce pas là le plus important ?
Photos : Coline se raconte
LA TENUE…OU PRESQUE !