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Cannes 2014 : La Chambre bleue

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 4/5 

Il y a quatre ans, Mathieu Amalric présentait son nouveau long métrage au Festival de Cannes. Tournée avait été récompensé du Prix de la mise en scène et plus tard du César du meilleur film. L’acteur-réalisateur-scénariste est désormais de retour sur la Croisette avec La Chambre bleue, un film d’un genre tout à fait différent concourant dans la sélection Un Certain Regard.

Alfama Films

Alfama Films

Ce film est l’adaptation du roman éponyme de Georges Simenon publié en 1964. Le récit est celui d’un chef d’entreprise, Julien Gahyde, mis en examen par la justice pour un crime passionnel. L’enquête s’intéresse à sa relation adultère avec une ancienne camarade de classe Esther Despierre. Au fil des interrogatoires et des souvenirs de Julien Gahyde, le film, comme le roman, retrace cette passion et les événements du drame.

Cependant, le film ne s’attache pas autant que le roman aux conditions du retour de Julien dans la région de son enfance, à ses relations passées, ou à sa filiation avec le complice de son adultère. L’attention est portée sur le déroulement de l’enquête et son emprise sur Julien. Entre sa réalité et l’intransigeante précision des faits réunis par les enquêteurs, l’homme dérive dans l’affirmation de son innocence.

Mathieu Amalric parvient par sa mise en scène à faire ressentir le trouble de l’individu face à un système juridique fondant la culpabilité du prévenu sur un ensemble d’apparences et de coïncidences qui lui échappent. Ainsi le film se construit en un effet kaléidoscopique où s’entrecroisent l’intimité des rencontres du couple et la crudité des interrogatoires. Aux plans découpés des amants frénétiques, se confrontent les cadres démonstratifs du système judiciaire. Les chronologies sont floutées, la durée de l’enquête inconnue, l’individu confronté à ses actions est déraciné de sa condition de citoyen, il est happé par le système et ne peut communiquer avec le monde extérieur dont il est privé…

Alfama Films

Alfama Films

La confusion qui s’échappe de cet enchevêtrement de moments procure à ce drame une dimension de thriller. La nature du crime nous est dévoilée au compte-gouttes et nous tient en haleine alors que des indices implicites guident notre jugement envers Julien Gahyde et sa maîtresse.

Là est le résultat brillant d’un travail minutieux de mise en scène. Sans excéder dans son maniérisme, elle sublime la réalité (à l’inverse des jugements pragmatiques du juge et du capitaine de gendarmerie) et procure à ce film son identité propre.

La prise de risque que représente ce second film nous conforte dans l’idée que Mathieu Amalric réalisateur est aussi doué que Mathieu Amalric comédien, un duo de talents qui laisse présager de beaux projets futurs.

Marianne Knecht

Film en salles depuis le 16 mai 2014


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