Au nom du fils est un film qui a été reçu positivement dans plusieurs festivals et qui célèbre l’humour noir belge dont nous raffolons depuis C’est arrivé près de chez vous. Pourtant, il aurait pu ne jamais être distribué en France à cause d’une affiche jugée scandaleuse et « ignoble » par les gênants et increvables Civitas et autres français catholiques regressistes. Finalement, il est possible de découvrir le film de Vincent Lannoo dans quelques salles de cinéma. Et il mérite d’être vu. S’il n’est pas exempt de défauts, il a le mérite d’être drôle et de n’être jamais ridicule.
Le film s’ouvre par une publicité hilarante, dans laquelle deux prêtres demandent aux âmes charitables d’être de bons camarades en faveur de l’église (« Des bénévoles » x10). Satire ? C’est ce que l’introduction laisse présager. Les scènes suivantes montrent une émission radiophonique chrétienne « Parole Vivante » où les questions des auditeurs vont mettre à mal la foi d’Elisabeth, le personnage principal. Que se passe t-il après la mort ? Comment pardonner son prochain ? Autant de questions auxquelles Elisabeth tente de répondre religieusement. Savoureuse, la scène fait penser à la comédie La Vie est un long fleuve tranquille et ses bourgeois grenouilles de bénitier. Ensuite, Elisabeth accueille sous son toit le Père Achille et vit dans le bonheur et sous la grâce de Dieu sans se douter de ce qu’il se trame quand elle a le dos tourné. Elle accueille sans le savoir le Diable dans son foyer. De la satire, le film passe à la farce. Wagner retentit, et voilà une bande de catholiques armés jusqu’aux dents qui donnent l’assaut sur des épouvantails « Ben Laden ». Une chevauchée des Walkyries et un accident plus tard, voilà la vie d’Elisabeth bouleversée à tout jamais. Pire encore, son fils Jean-Charles lui fait une confession en direct à la radio qui la plongera dans les limbes de l’enfer. Le reste du film ne sera que vengeance d’une mère contre une institution qui lui a volé son fils.
Se pose alors la question si le film est une charge contre l’Eglise. L’Evêque est une enflure immense et les Pères sont présentés comme les gardiens de secrets qui terniraient la réputation cléricale. Civitas se dit outré. Pourtant, c’est une vraie comédie noire qui est présentée. Oeuvre acide, Au nom du Fils devient une chasse aux pédophiles gore qui lorgne vers Tarantino. Si les talents de réalisateur de Tarantino ne sont pas là quant à la beauté des images, Au nom du Fils est un divertissement assumé qui, lors de sa fin, sème le trouble sur ses véritables intentions. Il flotte, au final, comme un parfum de moral et de sagesse.
Véritable OVNI venu de Belgique, Au nom du Fils est le genre de film qui va faire parler de lui. Je conseille donc à nos lecteurs d’être du genre à regarder les films avant d’en parler, et d’être plus intelligents que du côté Civitas. Pour conclure, le nouveau film de Vincent Lanno est une oeuvre très drôle et pas mal intentionnée. Il se moque, fait se poser de vraies questions sur les paradoxes de l’Eglise et n’est jamais ridicule grâce au talent d’Astrid Whettnall. Qu’elle soit mère de famille croyante ou tueuse de prêtres, l’actrice arrive à rendre son personnage drôle, émouvant et à nous faire croire en son combat. Ce qui, pour une comédie, n’était pas forcément gagné.
Comments
comments