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Le labyrinthe vers la liberté

Publié le 13 mai 2014 par Entre Les Pages @EntreLesPages

Louisiane dans les années 60. Pour ses vacances, Sophie doit rester à Oak Cottage avec sa tante Enid et sa grand-mère qu’elle apprécie peu, cette dernière ayant des manières et des attentes de grande dame insupportables. Ses parents viennent de divorcer, le père de Sophie vit désormais avec une autre femme à New York et sa mère, au comportement de « lady » parfaite aussi, a repris ses études. Dans la grande propriété des Fairchild, il y a un labyrinthe qui fut autrefois bien entretenu, bien fleuri. Sophie y rencontre une créature devant qui elle souhaite vivre une aventure comme en regorgent les romans. Son vœu est exaucé et l’enfant est transportée cent années en arrière, au même endroit, à l’époque où sa famille détenait une plantation et des esclaves.

Sur place, Sophie à la peau tannée est prise pour une Noire et est mise au service de ses ancêtres. Elle découvre alors une vie bien différente de celle dont elle a toujours entendue parler quand il s’agissait de repenser « au bon vieux temps ». Après des jours de labeur, elle apprend qu’elle a quelque chose à accomplir avant de pouvoir rentrer chez elle. Pour venir à bout de cette mission, un peu floue au départ, Sophie subit le fouet, les longues heures d’écumage ou de lecture à faire à sa maîtresse et, en permanence, le sentiment de supériorité des Blancs, leurs caprices, leurs manigances. Son aventure dure en tout six mois, le temps qu’elle devienne une femme qui sait qui elle est et ce qu’elle veut.

Parmi tous les angles d’appréciation et d’analyse possibles, la quête identitaire et l’esclavage sont évidemment les fils conducteurs de cette sorte de conte vraiment pas commes les autres. Delia Sherman a en effet choisi de ne pas faire de Sophie un héros ni un personnage contemplateur venu apprendre sa leçon. Au moment où elle est découverte, tous se demandent d’ailleurs ce qu’ils vont bien pouvoir faire d’elle. Elle serait, en plus, la bâtarde d’un des enfants de la famille, elle ressemble à l’une des filles de la maison… Elle est quelqu’un d’inattendu qu’il faut chasser à tout prix. Comment va-t-elle se sortir de là ? De ce dédale de servitude.

Le labyrinthe dans lequel Sophie évolue est d’ordinaire un symbole de voyage ou d’emprisonnement. Il peut également représenter l’existence, un endroit dans lequel beaucoup se perdent, s’oublient. Sa traversée à elle est différente. Dans ces méandres, Sophie se trouve, ne fait plus qu’une avec elle-même. Elle y passe une vie entière et cette vision est en harmonie avec la richesse et la puissance qui se dégagent de ce livre d’à peine trois-cent pages. Le labyrinthe vers la liberté fait partie de ces œuvres qui disent tout, qui enseignent énormément et dont la lecture procure cet exquis sentiment d’avoir changé.

Le labyrinthe vers la liberté

Présentation de l’éditeur :
Louisiane, 1960. Sophie, treize ans, se voit obligée de passer l’été à Oak Cottage. Dans ce monde reclus et conventionnel qui lui est étranger, sa grand-mère se montre nostalgique du temps où les Fairchild détenaient une plantation de canne à sucre et possédaient deux cents esclaves. Au cours de ses jeux solitaires dans la propriété, Sophie rencontre au hasard des dédales d’un labyrinthe une créature fantastique, à laquelle elle soumet son voeu : vivre une aventure dans un autre temps, un autre lieu… La voilà qui se retrouve au même endroit cent ans plus tôt, quelques mois avant la guerre de Sécession ! L’aventure prend alors une tournure aussi effrayante que réelle. L’adolescente est désormais une esclave, au service de ses propres ancêtres… Et si elle ne pouvait plus jamais repartir de ce passé ? Comment supportera-t-elle une vie soudain devenue d’une dureté inimaginable ?

The Freedom Maze 01
 
The Freedom Maze


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